samedi 11 octobre 2008

P : Poésies Jean Paul Farbos (1947 - 20.. )



LA BOULE DE VERRE DE L'ESCALIER

Fantaisie monorime

A « Lanat » ma maison

La boule de verre de l’escalier
Vient de chez le verrier
Tout le monde l’a caressée
Elle en sait, personne ne connaît des pensées

La boule de verre de l’escalier
Est verte comme les eaux glacées
Indifférente au vieillard ou à l’écolier
Elle en sait et personne ne connaît ses pensées

La boule de verre de l’escalier
Les parents, les amis, les allemands et les étrangers
L’ont serrée avec leurs mains repliées
Elle en sait et personne ne connaît ses pensées

La boule de verre de l’escalier
Elle m’a parlé, avec elle, je suis lié
Elle m’a conté le passé
Elle en sait et personne ne connaît ses pensées

La boule de verre de l’escalier
Personne ne l’a cassée
Moi, je suis son seul allié
Elle en sait et personne ne connaît ses pensées

La boule de verre de l’escalier
Est muette, si elle cause
Le souvenir de mes anêtres sera démystifié
Elle sait trop de chose,

La boule de verre de l’escalier

Jean-Paul FARBOS
26 mars 1972


LA BULLE DE SAVON

La bulle de savon
Naît du souffle de l’enfant.
Il la regarde s’envoler en rêvant.
Nous, adultes songeons..

Mystérieuse sphère
Qui défie la pesanteur
Tu poursuis ton voyage enchanteur.
Boule éphémère,
Tu t’enivres  
Mais, tu as peu à vivre.

Le soleil incendie ton corps
Je sais que tu as
L’ingénuité enfantine et déjà
Tu cours vers la mort.

Bulle de savon suit ton chemin
Pourquoi joues-tu à l’être humain ?

Kermesse
Jacobins
29 avril 1972


AUBE ROUGE
Aube roùge bén o plouje
(aube rouge vent ou pluie)
 A mon père (Espagne 1943)

Homme asservi, animal que l’on mène
Tes yeux me font de la peine
Seuls les lâches pleurent
Au fond de leur demeure
A sabbat, carême, ramadan,
S’ajoutent, peuple, ordre, patrie,
Kolkhozes, syndicats, phalanges et phratries

Depuis la mort de ton homme dans la forêt sombre
Veuve, ta maison devient catacombe.
J’ai vu tes enfants,
Ils jouaient entre les chars des tyrans !
Et toi vieux libéral cacochyme
Ton âge t’oblige à plier l’échine.
Sur la cheminée, ton fusil dort.
Ton pays aux mains des tyrans,
Tu attends calmement la mort.
Où sont passées tes libertés d’antan ?

A juifs, polonais, noirs et aztèques
De nos jours s’ajoutent tristement
Chiliens, espagnols, grecs, russes et tchèques.
Liberté, combien as-tu eu d’amants ?

Jeune esclave va voir le vieillard sénile
Prend son fusil et ses conseils,
Cache toi avant qu’ils ne t’exilent.
Le patriarche te dira avant son dernier sommeil :
Les tyrans te donneront du pain et des jeux,
Mais il te manquera la liberté pour être heureux.
Bats toi pour l’enfant sans père,
Pour la veuve et le vieillard qui espèrent.

Bientôt, l’aube sera rouge
Ce sera le signe du peuple qui bouge
Alors, avec son cortège de haine,
La tempête viendra implacable, soudaine.

Saint Sever Cap
20 octobre 1973



L’ORAGE EST SUR COUDURES

A B.F.

Amie
L’avais tu vu passer
Lourdement chargé sur Saint Sever ?
Avais-tu ressenti les coups fatals
Des grêlons sur ma peau ?
Avais-tu entendu le bruit infernal
De la foudre sur les platines du château ?
Avais-tu regardé les blanches arabesques
Les effluves d’argent et la nature déchaînée ?
Avais-tu senti en mon corps la romantique traînée
Faite  par les éléments en effervescence ?
Avais-tu remarqué la peur de ma vieille chienne essoufflée
Face à cette redoutable incandescence ?
Avais-tu compris l’immense passion
Qu’il y avait sur la cité ventée
Avais-tu été renversée
Par ce vent qui couchait les blés et détruisait  les moissons ?
    
Avais-tu compris
Pourquoi mon cœur avait pour toi résonné aussi fort
Que la cité meurtrie par l’orage ?
Que de passions pour toi et d’amour mort.

Amie, faut-il que je tourne la page ?
Ma vie est très dure,
Depuis que l’orage est sur Coudures.

D’après un rêve fait la nuit du 1er mars  au 2 mars 1974 dans lequel, j’ai vu un orage qui s’éloignait sur la vallée du Gabas. Ce violent phénomène m’a rappelé la période février 1966 juin 1967.

 XIII

Quand sur FANJEAUX, la Fanumjovis romaine
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
L’écrit aux parfaits résista à l’ordalie,
La culture sudiste connut l’hallali.

Quand de la butte MONTSEGUR, l’inhumaine,
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Les hérétiques sur le bûcher s’étouffaient
Pour ma langue aimée, ce fut l’autodafé.

Quand le lac de PUIVERT courut vers la plaine
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Ce fut la fin des beaux chants des troubadours
Et le mort du langage des cavalcadours

Quand l’abbé d’ALET contemplait son domaine
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Dans son abbaye, il ne pouvait pas songer
Aux ruines futures de son pays submergé.

Quand dans GALAMUS, l’astre meurt sur la chaîne
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
La lumière danse la grande sardane
Alors, dans le blanc ravin l’ermite se damne.

Quand PEYREPERTUSE, cité surhumaine,
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Ouvrit lâchement ses portes à vertige
La civilisation d’Oc devient vestige.

Quand en vacances, le quidam se promène
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Tras los montes, il court en quête de Phoebus
Mais pourquoi, t’oublie t on sublime QUERIBUS.

Quand vers THERMES, je vis du col qui y mène
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Au soleil avivées pierres enchevêtrées
Garrigue embaumée et peuple maltraité.

Quand CARCAS sonna, après cinq ans de haine
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Les vins des Corbières, au pays de cocagne
Enivrèrent les gens d’Oc et ceux d’Espagne .

Quand sur les bords du Briant, les croisés du Maine
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Détruisirent l’accès au puits Saint Rustique
Dans MINERVE, close, soif et fin dramatique.

Quand du belvédère, vaste vue soudaine,
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Sublime CABARET, des tours sauvagines
Par mes amours mortes, j’aime TOUR REGINE.

Quand Lacordaire, tête dominicaine
Sur la fin d’un hiver, un soir de semaine,
Arriva à SOREZE, les idées de l’Avenir
Allaient diriger le renouveau à venir.

Puis, las nous ramenions en notre domaine
Sur la fin d’un été, un soir de semaine,
De ce pays à la langue chue par l’outrage
Un écrin de souvenirs, profonds…sauvages.

22 décembre 1985
Aux membres du GRASS qui voyagèrent, en septembre 1985, dans ce pays à la langue chue par l’outrage.



LE BOLERO DE RAVEL

Dans le boléro de Ravel
Tu écoutes bien ce thème lancinant et fort
Tu écoutes cette mélodie qui prend nos corps
Tu écoutes cette musique obsédante
Tu écoutes ce tambour qui sans cesse cogne
Tu écoutes ce thème qui toujours recogne
Tu écoutes cette mélodie ascendante
Tu écoutes sur la fin les accords déchirants
Tu écoutes progresser ce morceau délirant.

Si enfin, tu écoutes mon cœur qui cogne
Ravel te paraîtra fade et atone
Seuls les très forts orages de ma Gascogne
S’approchent de ma forte passion bretonne
B tu m’écoutes, B entends moi..

St Sever
7 septembre 1988

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