mercredi 8 octobre 2008

S : Saint Sever, situation et site géographiques



LA SITUATION DE ST SEVER DANS LA REGION

Etudions la différence entre la situation d’une ville dans une région et son site sur son lieu d’implantation. Au Bas du Pouy, face à la première marche du relief pyrénéen, c’est la position idéale pour analyser l’emplacement de la ville par rapport à trois régions géographiques totalement différentes : la plaine des Landes de Gascogne, la vallée dissymétrique de l’Adour et les collines de Chalosse.  

Au nord, s’étend la vaste plaine des Landes qui couvre environ 10000 km2. Cette zone qui jadis était désertique et inhospitalière, vivait d’élevages transhumants et de quelques peuplements fixes, type oasis. Cette région sablonneuse s’est morphologiquement arrêtée là où les cours d’eau ont emporté le sable quaternaire et libéré le sol fertile du tertiaire. 

 Au sud de cette plaine, l’Adour, au sommet nord de son parcours, a modelé une vaste vallée dissymétrique grâce à une flexure tertiaire. Il n'est guère douteux en effet que la dissymétrie de la vallée de l'Adour ait une origine surtout structurale. Les terrains qui affleurent sur le versant raide (molasse oligocène, grés éocène et par places calcaires marmoréens du crétacé supérieur), sont plus résistants et plus anciens que ceux du versant droit formés de dépôts peu consistants tous post-helvétiens. Les terrains du versant gauche plongeant vers le Nord sont peut être interrompus par des failles. L'aspect de ces môles gigantesques sur lesquels perchent Saint-Sever, Montaut, Mugron, face à l'Océan landais est saisissant … 

 Ainsi en cette vallée charnière, nous sommes à la frontière entre une vaste plaine boisée, maintenant aménagée, et une série de collines dont les paliers successifs prennent 5à 10 mètres d’altitude à chaque ondulation. Cette zone d’agriculture et d’élevage intensifs a toujours été hospitalière pour l’animal et l’homme, nous citerons un seul exemple frappant : Brassempouy.  

Dès que le fleuve Adour coule vers l’ouest et cela pendant 100 kilomètres, il sépare ces 2 régions en facilitant la création d’agglomérations frontières : Aire, Grenade, Saint-Sever, Mugron, Dax et Bayonne. Ces cités d’échanges sud-nord et un peu nord-sud sont de véritables portes mais elles vont également commercer par le fleuve vers l’aval. Au principal carrefour d’échanges entre les collines et la plaine, le terme de Cap de Gascogne prend toute sa signification : Cap pour promontoire physique certes, mais surtout une des principales portes de l’économie de l’ouest de la Gascogne. Pour analyser le site de Saint-Sever, c’est au Cap du Pouy, qu’il faut aller pour comprendre la morphologie et le choix de l’implantation de la cité à cet endroit .

LE SITE

Après avoir situé la ville par rapport à ses 3 régions voisines : la plaine, la vallée de l’Adour et les collines de Chalosse, il nous faut étudier sa configuration propre dans le lieu et ses possibilités d’extension.

Le site par les courbes de niveau, équidistance 5 mètres


La place carrée du Cap du Pouy, créée au cordeau en 1779 en comblant le ravin, est l’endroit idéal pour décrire les éléments du site de la ville.
Pourquoi les hommes ont-ils choisi ce lieu et non les plateaux voisins de Maydediou-Pipoulan à l’ouest ou de Capelle ou du Loubart à l’est ?
 Pour répondre à cette question,  imaginez la place du Cap du Pouy  avant son occupation par l’homme :
- Au nord, la gorge boisée de l’actuelle Côte de Brille,
- Et à l’ouest, derrière le bureau de tabac,  une gorge semblable continuait jusqu’aux halles.
Ces deux gorges étaient séparées par une étroite langue de terre reliant Morlanne à la Cize au niveau d’Adour Emballages. Ce phénomène dû à l’érosion régressive isolait pratiquement Morlanne du plateau de la ville.
Les hommes de la protohistoire ont détruit cette langue de terre en remontant la terre juste au dessus sur le plateau de Morlanne créant ainsi les 2 buttes situées entre Adour Emballages et les arènes. Cet oppidum barré de 3 hectares, entouré de ravins profonds de 10 à 50 mètres, fut très propice à la défense.
Au Haut Moyen Age, l’abbaye bénédictine en raison de sa future taille ne put être implantée sur ce site déjà fortement urbanisé. On la construisit sur le premier endroit plat en venant de Morlanne entre les ravins du Touron-Parc de Toulouzette et de l’actuelle place du Cap du Pouy.
Peu à peu, l’agglomération naissante se développe autour de l’abbaye. Elle est clôturée par un premier mur dès le début du 13ème siècle. Au siècle suivant, le mur englobe le Couvent des Jacobins. Au 15ème, l’enceinte atteint son développement maximum. Ayant perdu son importance stratégique, la cité n’a jamais été bastionnée.
Coincée entre le ravin de Sainte Thérèse – Proyan et du Touron-Parc de Toulouzette, l’agglomération ne peut s’étendre que sur les endroits plats : Guillerie, Castallet, Pontix, Bas du Pouy et Péré. Les conséquences de ce site favorable à la défense face au nord ont fait que la ville haute n'a pu acquérir la voie ferrée, la zone industrielle et les grands équipements sportifs et touristiques.
Lors de la « suburbanisation » de la 2ème moitié du 20ème siècle, l’activité économique utilise la rive droite du fleuve en raison de la dissymétrie de la vallée. L’habitat urbain diffus et les lotissements buttent maintenant sur les bords de l’éperon de Maydediou à l’ouest, de la vallée du Gabas au sud, et du ravin de Poureille à l’est. Le 21ème siècle verra l’urbanisation occuper complètement les zones rurales restantes à Capelle, Soustras, Nauton, Escalés et Pipoulan.
La zone urbaine, comme une tache d’huile, contourne peu à peu les ravins boisés, complètement désertiques et impénétrables. Cette végétation très luxuriante empêche les phénomènes de glissement et d'érosion régressive. La nappe perméable faite des cailloux a protégé les sables fauves post-helvétiens et les marnes sous-jacents disposés en couches à peu près concordantes qui affleurent sur leurs versants. La terrasse de la ville conserve sa forme grâce à sa perméabilité et à la végétation de l'abrupt qu’il faut protéger en maintenant les arbres et surtout la végétation au sol. Sa sauvagerie en fait sa beauté. Ces ravins et ces pentes sont nos poumons verts.
Dans un lointain, assez proche, en visitant la ville, on pourra se rappeler que le Cap de Gascogne a été fondé entre Gabas et Adour.

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