Université de
BORDEAUX 1
Faculté des Lettres
Et
Sciences Humaines
SAINT – SEVER
Etude de
géographie urbaine
Novembre
1971 Jean-Paul
FARBOS
T.E.R.Sous la direction de Melle CASSOU-MOUNAT de l’université de Bordeaux
2
A ma mère
A mon père décédé…
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AVANT-PROPOS
Cette étude
urbaine sur Saint-Sever, nous l'avons choisie en raison de notre origine et de
notre attachement à la terre gasconne. Etant enfant du pays, nous avons trouvé
de grands avantages dans la recherche et la collecte de la documentation de
base. Mais notre état de Saint-Séverin, nous oblige à consacrer de gros efforts
dans l'application objective des faits humains et économiques.
Notre but n'est
pas de faire l'historique de cette vieille cité mais de nous servir de
l'histoire afin d'expliquer l'évolution de la morphologie urbaine. Le poids de
l'histoire et le long déclin de la cité doivent nous contraindre à orienter nos
recherches économiques et humaines relativement loin dans le passé afin
d'élucider certains caractères actuels.
Ces travaux ne se
consacrent qu'à la partie urbaine de la commune de Saint-Sever. Mais souvent il
nous faut tenir compte de l'existence d'un secteur rural important en
particulier lors de l'étude de la géographie de la population. Nous n'étudions
donc ni la géographie de la partie rurale, ni l'économie agraire. Notre travail
comporte par conséquent l'analyse de l'évolution de l'espace urbain et les
problèmes actuels, l'étude de la géographie de la population et l'évolution des
activités économiques.
Nous tenons à
remercier en premier lieu l'artisan du renouveau de la cité, Maître Jean-Marie
COMMENAY, le député-maire de Saint-Sever.
Nos remerciements
s'adressent à toutes les personnes que nous sommes allés voir : M. DAUGE,
secrétaire de mairie et les membres de son secrétariat et les services
municipaux, les chefs d'entreprises et leurs employés, les commerçants, le
service des archives départementales, la direction des Ponts et Chaussées, le
personnel administratif de l'hôpital de Saint-Sever, le clergé paroissial, le
personnel du service photographique de la base aérienne 118, le personnel de la
gare S.N.C.F., les hôteliers, les architectes du nouveau plan d'urbanisme, M.M.
GIRARD et De GUENIN, Maître DULAS, avoué honoraire et érudit, Melle Martine
REY, auteur du T.E.R. sur Hagetmau, etc …
Nous ne pouvons
oublier le Docteur Paul DUBEDAT, adjoint délégué aux affaires culturelles et au
tourisme et M. MORINGLANE, adjoint délégué à l'aménagement urbain, pour leur
aide technique et matérielle.
Que soit
remerciée enfin, Melle CASSOU-MOUNAT, professeur, dont l'aide patiente et les
conseils ont permis à ce travail d'aboutir.
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INTRODUCTION
La ville de
Saint-Sever fondée en 963 ou 993 mérite à nouveau, depuis le recensement de
1968, sa place parmi les ensembles urbains avec ses 2 806 agglomérés et ses 4
360 habitants. La décadence de la ville depuis la révolution française fait de
Saint-Sever une petite cité d'importance très secondaire dans le Sud-Ouest.
Nous sommes loin de l'époque du passage des pèlerins de Saint-Jacques de
Compostelle et de la domination anglaise sur l'Aquitaine durant laquelle Saint-Sever
faisait partie avec Bayonne, Dax, Tartas et Bordeaux des cinq villes
dirigeantes. (Nous pouvons nous référer à la carte, page 118 de l'Atlas
Historique de Poche Stock). Actuellement, la cité joue un rôle minime venant
surtout de sa situation.
SITUATION DE LA
VILLE : (Cartes n° 1 et n° 2)
A 16 kilomètres
de Mont de Marsan, 37 d'Orthez, 44 de Dax, 64 de Pau, 91 de Bayonne, 139 de
Bordeaux, Saint-Sever est située à la charnière entre la vaste plaine des
Landes au nord et les collines accidentées de la Chalosse au sud. Au contact
des deux zones économiques différentes, la cité fait figure de porte de la
Chalosse. Le pont sur l'Adour et la route nationale franchissant l'abrupt nord
du glacis de Garlin – Saint-Sever confirme cette dénomination. La carte n° 3
montre très nettement l'influence du pont et de la côte de Saint-Sever. Ainsi,
les 2/3 des aturiens chalossais de la zone d'influence de Mont-de-Marsan
passent par le pont de Saint-Sever pour se rendre au chef-lieu des Landes. Ce
fait est rendu possible par la nationale 133 (PERIGUEUX PAMPELUNE) qui est la
seule voie de cette importance, traversant la Chalosse dans la direction
Nord-Sud et par la convergence près de la ville de la nationale 644 et des
départementales 8,32, 21 et 25. La carte n° 3 est l'illustration de ce fait
caractéristique.
Si,
provisoirement, le pont de Saint-Sever est limité à 20 tonnes, l'achèvement des
travaux accentuera cette fonction de passage d'autant plus que les ponts
voisins de MUGRON et GRENADE servent à des départementales à faible débit, à
parcours sinueux et dangereux pour les poids lourds. Nous avons pu chiffrer
cette fonction de passage grâce aux sondages des Ponts et Chaussées. D'après un
sondage, effectivement entre le 17 et le 23 mars 1971, il passe en moyenne 3 351
véhicules par jour mais ce nombre peut atteindre 5 000 à 5 500 durant l'été. Au
point de passage sur le fleuve s'ajoute le carrefour des routes nationales 124
et 133. La grande voie TOULOUSE-BAYONNE par le Nord suit depuis AIRE la vallée
de l'Adour transformant cette route en un des principaux axes routiers des
Landes. Le trafic sur la nationale 124 est d'environ 1 600 véhicules par jour.
Ce carrefour est rendu plus important par les directions des deux routes.
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Cette situation
favorable sur les axes routiers risque d'évoluer en raison des orientations du
C.O.D.E.R. d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées. En effet, les récentes décisions
oublient le pont de Saint-Sever et la Chalosse et surtout les prolongements
vers Sault-de-Navailles, des Landes, du Pont-Long pour la liaison Bordeaux-Pau.
Mais surtout le projet de construction de la nouvelle route nationale 124
depuis Nogaro par Villeneuve ou la déviation de Grenade sur Mont de Marsan
porte un grave préjudice à la situation jusqu'alors favorable au Cap de
Gascogne.
Les autres routes
sont d'intérêt local et les flux sont faibles. La nationale 644 en raison de
l'étroitesse de la chaussée et son tracé sinueux ne joue qu'un rôle local. Ses
1 500 voitures à la sortie de Saint-Sever ne sont que 465 à Lacajunte en pleine
zone rurale.
La situation dans
le cadre régional tend à se modifier au détriment de la cité en raison des
grandes orientations du réseau routier. Mais sur le plan landais et local,
Saint-Sever garde sa position de charnière entre deux régions physiques et
économiques très différentes malgré la présence de Mont de Marsan qui joue ce
rôle avec brio.
CLIMAT :
Le climat de
Saint-Sever comme celui de la région est océanique de type aquitain avec comme
dominante des hivers doux et pluvieux et des étés relativement chauds. Mais il
faut noter le petit hiatus climatique entre la Chalosse plus tempérée et entre
la plaine landaise.
Les gelées sont
moins nombreuses et moins tardives sur les collines que dans la vallée. Cette
différence est très sensible à Saint-Sever entre la partie basse et la ville
haute. Il en est de même pour les brouillards. Le climat des collines se
rapproche davantage du climat palois que du micro climat montois.
Les
précipitations s'élèvent à 858 mm par an en 119 jours. Il ne tombe que 790 mm à
Aire, à l'est et 920 mm à Hagetmau, au sud. Les pluies d'automne avec 235 mm
sont plus importantes que celles de printemps 210 mm (65 mm en avril). Les étés
connaissent des pluies irrégulières. Si en moyenne il tombe 44 mm de pluie
durant le mois de juillet, les variations sont très importantes entre deux
années consécutives. Par exemple : en 1936, il est tombé 113,1 mm d'eau et en
1937, pas une goutte. Ces chiffres proviennent de la thèse de M. LERAT
"Les Pays de l'Adour".
Ce climat
océanique doux l'hiver et chaud l'été est un gros avantage pour Saint-Sever
comme pour le sud de la région Aquitaine.
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PREMIERE PARTIE :
L'EVOLUTION DE L'ESPACE URBAIN
et
SES PROBLEMES ACTUELS
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CHAPITRE 1 :
LE SITE
Si l'abbaye s'est
installée à des fins religieuses, la ville se développe en raison du site
exceptionnel que constituent les abords du monastère. Ainsi, pour la période
médiévale, le site prime sur la situation contrairement à nos jours.
Description du
site avant l'urbanisation : Cartes n° 4 et n° 5
L'Adour, fleuve aux méandres divagants coule dans une vallée très dissymétrique. Au Nord, la plaine s'élève très lentement. Le fleuve qui changeait souvent de lit se déplaçait sur une bande de terre pouvant aller jusqu'à 2 km de large depuis le
pied de l'abrupt. Le plateau a une altitude moyenne de 95 mètres. Il se termine
à l'ouest par un éperon dû à la jonction de la vallée de l'Adour de direction
Est-Ouest et la vallée du Gabas de direction générale Sud-Est, Nord-Ouest. Il
s'agit donc d'une langue de terre s'élargissant vers l'est. Le plateau
s'élevant progressivement vers le Sud-Est, est couronné par le POUY de MONTSOUE
(167 m) situé à 6 kilomètres du centre de la ville. L'abrupt Nord a en moyenne
50 mètres de dénivellation et est boisé d'une végétation très luxuriante
empêchant les phénomènes de glissement et d'érosion régressive. Mais le plateau
est disséqué par des vallons étroits et profonds généralement perpendiculaires
à l'abrupt Nord. Depuis l'éperon Ouest, nous en trouvons 5 importants (carte n°
5). Un de ces vallons (ruisseau du Touron) se divise en deux à 200 mètres de la
ligne formée par l'abrupt. La branche Est, sur laquelle de nos jours la route
nationale 133 prend assise, a sa tête de vallon (actuellement la place du Cap
du Pouy) qui est à une vingtaine de mètres d'une branche du vallon suivant
(Côte de Brille).
Ce trait du
relief donnant une butte entourée de fossés
naturels (Morlanne). En arrière de cette butte, le plateau est pris
entre le vallon du ruisseau du Touron à l'Ouest et le vallon du ruisseau de
Proyan à l'Est, cette portion de terre supportant la ville actuelle.
Etude
morphologique du site :
Cette étude
provient d'un assemblage d'extraits des livres de MM. H. ENJALBERT, TAILLEFER
et L.A. FABRE " Le bord de la Chalosse est un immense balcon suspendu
au-dessus de la mer des sables et de la forêt sombre. La terrasse de St Sever
est dominée par les replats alluviaux de la Chalosse d'une vingtaine de mètres
qui sont dominés de 40 mètres par la bute de MONTSOUE qui appartient à
l'ancienne surface ponto-pliocène. Il n'est guère douteux en effet que la
dissymétrie de la vallée de l'Adour ait une origine surtout structurale.
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Les terrains qui
affleurent sur le versant raide (molosse oligocène, grés éocène et par places
calcaires marmoréens du crétacé supérieur), sont plus résistants et plus
anciens que ceux du versant droit formés de dépôts peu consistants tous post-helvétiens.
Les terrains du versant gauche plongeant vers le Nord sont peut être
interrompus par des failles. Là on est à bout de voie, on a l'impression d'une
chose incomplète, d'un hiatus géologique inexplicable, tant la brusque coupure
qu'ouvre le fleuve dans ces masses friables de sables fauves et de cailloutis
est étrange. L'aspect de ces môles gigantesques sur lesquels perchent
Saint-Sever, Montaut, Mugron, face à l'Océan landais est saisissant …
Les profonds
ravins dont la direction change avec celle de la pente de la terrasse et tourne
comme elle vers le Nord-Ouest sont des sortes de reculées dont le développement
a été vite arrêté. Le plus long ne mesure que 4 kilomètres, la nappe perméable
des cailloux ayant protégé les sables fauves post-helvétiens et les marnes
sous-jacents disposés en couche à peu près concordantes qui affleurent sur les
versants des ravins. La terrasse conserve sa forme grâce à sa perméabilité et à
la végétation de l'abrupt".
L'histoire du
site préhistorique de MORLANNE :
La butte
préhistorique a une surface plate de près de 3 hectares. Ce site a permis
l'installation d'un foyer préhistorique. Cet emplacement suffit largement aux
besoins des hommes de la préhistoire et de la protohistoire. Lors de l'arrivée
des romains, des éléments de l'armée de Crassus en 56 Avant Jésus Christ
remodelèrent la butte en un petit oppidum. Un gouverneur, dont le palais
sommait l'éperon, le PALESTRION, régentait le pays et ce municipe bientôt
florissant prit au cours des siècles et notamment vers la fin du IIIe siècle,
la forme d'une véritable cité commerçante et agricole. Le poste prit le nom de
CASTRUM CAESARIS.
Survint dans la
seconde moitié du IVe LE CENTURION romain SEVERUS qui, à la tête d'une poignée
de partisans, avait quitté sous JULIEN L'APOSTAT, le Bas-Danube pour aller
vivre selon sa foi. Leur longue route les conduisit de TOULOUSE et de
NARBONNAISE sur les rives de l'Adour. Mais en 407, le peuple vandale martyrisa
SEVERUS qui aurait, après sa décollation, ramassé son chef pour le porter sur
le plateau à l'emplacement de la ville actuelle. L'oppidum tomba et sur le
tombeau du martyr les miracles se multiplièrent. Quoiqu'il en soit, l'existence
sur la butte d'un monastère de l'ordre de SAINT BENOIT auprès du tombeau semble
certaine à la fin du VIIe siècle. Mais vers 818, l'abbaye est complètement
anéantie pendant la guerre entre les VASCONS et LOUIS LE PIEUX.
Cependant, le
dixième duc d'Aquitaine, GUILLAUME SANCHE, vainqueur des SARRAZINS à TALLER,
accomplit le vœu qu'il avait formé au cas où la victoire sourirait à ses armes
et décide à construire un deuxième monastère en 963 ou 993, la date étant
controversée. SANCHE voulut créer un grand monastère ayant un puissant
rayonnement. Le site de MORLANNE s'avère trop petit pour supporter les bâtiments
conventuels, les dépendances et les jardins.
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Par contre, la
butte répondait parfaitement aux exigences militaires en ce début du Moyen Age.
Le monastère s'installa sur le plateau à 300 mètres au Sud de MORLANNE. Autour
de ce foyer, la population s'empresse d'accourir afin de se placer sous sa
protection.
Le site Médiéval
Le centre de ce
site est la position de l'îlot actuel Abbatiale-Mairie. Le monastère se trouve
protégé à l'Ouest par le vallon du TOURON approchant à 100 mètres, au Nord à
200 mètres par le vallon séparant le plateau de MORLANNE, au Nord-Est à 300
mètres par le vallon de l'école chrétienne, à l'Est le vallon de PROJAN est le
plus éloigné (700 mètres). Les ravins forment ainsi d'excellents fossés
naturels à l'Ouest et au Nord de la ville. L'ensemble MORLANNE-La ville forme
un endroit excellent de défense surtout orienté vers le Nord.
Problèmes actuels
du site
L'abrupt et
l'Adour coupent en deux la commune posant des problèmes de communication.
L'unique pont routier sur l'Adour qui se trouve en zone urbaine constitue un
véritable cordon ombilical. L'Adour est donc un grand obstacle pour la partie
rurale de la commune. L'abrupt est lui aussi une véritable barrière. La route
nationale 133 est le seul accès en venant du Nord par la partie centrale et la
partie Ouest de la commune. La partie Est possède une petite route vicinale
(carte n° 4).
Mais l'existence
des ravins est plus grave : s'ils ne découpent pas la zone urbaine en plusieurs
parties, ils l'ont modelée. Ils posent des problèmes de communications,
d'infrastructure (eau, gaz, électricité). Le déversement des égouts dans leurs
ruisseaux peuvent, outre la pollution, faire reprendre une érosion régressive
arrêtée provisoirement par une végétation en équilibre instable.
Les conséquences
de ce site défensif ont fait que la ville haute n'a pu acquérir la voie ferrée,
la zone industrielle et les grands équipements sportifs et touristiques.
Certes, si la poussée urbaine vers le Sud permet aujourd'hui de déborder les
ravins du TOUTON et de PROJAN, ces vallons gênent le développement harmonieux
d'une ville de cette importance.
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CHAPITRE II
L'EVOLUTION HISTORIQUE
DE LA MORPHOLOGIE URBAINE
La seconde abbaye
devait donner naissance à la ville de Saint-Sever et subsister jusqu'à la
Révolution.
La deuxième
abbaye et les débuts de la ville (988-1099)
Au milieu du XIe
siècle, les biens fonciers légués ou donnés par Guillaume SANCHE étaient déjà
mis en valeur. D'autre part, dès cette époque, les moines bénédictins avaient
construit bon nombre de leurs bâtiments abbatiaux. Pendant le XIe siècle, le
monastère voit encore accourir nombre de familles désireuses de s'établir
auprès de lui, de profiter de sa protection et de participer à sa richesse. La
ville n'a pas d'autre origine que cette première agglomération et n'aura pas
d'autre nom que celui de l'abbaye elle-même. A la fin du XIe siècle, la zone
urbanisée, outre le monastère, s'étendait à l'Ouest de celui-ci (actuellement,
approximativement, depuis l'ancienne sous-préfecture jusqu'à l'école maternelle
et la porte du TOURON
L'éclosion de la
cité (1000-1294)
La situation des
habitants vis à vis de l'abbaye appelait un règlement. L'Abbé SUAVIUS l'établit
et l'octroya en 1100 en échange de l'autorisation requise par les Saint-Séverins
d'enfermer leur ville naissante à l'intérieur des limites précises qui seraient
en même temps de solides murailles. De ce statut urbain (un des plus anciens
octroyé en Gascogne), il faut retenir outre les clauses concernant les droits
respectifs des signataires les contraintes territoriales.
Ainsi, d'après le
bénédictin du BUISSON :
- au nord
s'étendait le cimetière
- à l'est se
trouvait un jardin assez petit
- au sud était un
espace jusqu'au petit pont, c'est à dire l'actuel PONTIX ou PONTILS
- à l'ouest un
autre espace appelé plus tard TOUR DOU SOU (TOUR DU SOL –Ces espaces dits
"places" étaient destinés à isoler le monastère et à recevoir le cas
échéant de futures constructions
abbatiales. A l'ouest de la porte du TOURON jusqu'à la fontaine dans le
ravin du même nom s'étendaient des vergers et des jardins. Au sud-ouest, il y
avait après la porte des Pontils encore des vergers et des jardins jusqu'au
chemin de la GALE (Rue Ernest Leroy).
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Au sud-est de la
ville se tenait le marché de la LOUBERE. Ce quartier se composait de maisons
sans murs de défense. Le site de ce faubourg est obscur. Le lieu actuellement
appelé LALOUBERE se situe à 1 200 mètres au sud de l'abbaye sur le bord de
l'abrupt dominant la vallée du GABAS. Cet endroit est actuellement situé dans
la zone rurale et sur aucun plan nous ne trouvons de traces d'un petit ensemble
urbain.
Il nous semble
que le plateau au sud du Bourg-Neuf (actuellement quartier autour du Castallet)
justifie mieux l'emplacement de ce marché. Durant les troubles et les guerres,
le marché hebdomadaire du jeudi au dimanche se tenait sur le TOUR DOU SOU.
Chaque année avait lieu une foire annuelle de onze jours à partir du jeudi
après la Pentecôte. On vendait des draps de laine, de velours et même d'étoupe,
des fougasses, des haubans, des mestures, des poissons de mer et d'eau douce
(brochets, tanches, aubours, anguilles et "colacs", du miel, des
piquets, des cercles de barriques, des paniers en osier, etc … Les forains se
composaient de marchands de résine, d'apothicaires, de marchands d'eau de vie,
de bérets, de verres et de pots d'étain, de potiers, de fabricants de
chaudière, de marchands d'acier, de fer et de clous, etc ..
La puissance de
l'abbaye augmentait avec l'extension de la cité. En 1141, SAINT PIERRE DU MONT était
sous la tutelle du monastère et PIERRE, vicomte de MARSAN doit demander le
consentement de l'Abbé ROGER afin de construire la ville de MONT DE MARSAN.
En 1152, se produisit un
événement d'une importance régionale qui entraînera très indirectement des
modifications de la morphologie urbaine : ALIENOR d'Aquitaine se marie avec
HENRI PLANTAGENET qui devient roi d'Angleterre. La Gascogne et St Sever passent
alors sous domination anglaise. L'histoire de la ville se trouve alors liée
jusqu'en 1442 à l'histoire anglaise. L'insurrection municipale du XIIIème
siècle se termine par un acte dit "PARREAGE" du 31 juillet 1270.
Parmi ces clauses, il nous faut retenir : la cessation au roi du castrum de
Morlanne et la moitié des revenus perçus sur les cultures et les vignes du
plateau de Morlanne, l'autorisation donnée au roi de construire un moulin sur
l'Adour et surtout le droit de construire une maison en planches à l'est de
l'abside de l'abbatiale dans l'antique cimetière (actuelle place de Verdun) destinée à abriter
les clés de la ville. Cette construction donnant sur la rue du PRAT devient
ensuite la mairie et le reste jusqu'à la révolution. A l'est de la maison
commune, les maisons s'édifient (actuellement près des rues Lamarque et
Agnoutine).
En 1287, s'installe
dans la ville une communauté de l'ordre des Dominicains : les JACOBINS
(photographie 3, planche 1). Ces bâtiments sont
construits à 200 mètres à l'est de l'abbaye bénédictine et semblent à cette
époque "extra-muros". Mais dans les années qui suivent, le couvent se
serre à l'intérieur des murs.
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Les ravages des guerres franco-anglaises
Après cette
période de développement urbain, l'ensemble urbain allait avoir sa large part
de souffrance dans la lutte intermittente qui mit aux prises anglais et
français. En 1295, Charles de VALOIS, frère de Philippe le BEL, assiège le 6
avril la ville qui tombe le 25 juillet. Mais les anglais reviennent quelques
mois après et la ville s'est rapidement relevée et continue de croître entre
les Jacobins et PONTIX.
La prise de St
Sever en 1360 par LESCUN et le tremblement de terre du 2 mars 1372 freinent
l'extension de la ville et produisent de gros dégâts aux constructions déjà
existantes. La guerre se porte dans le nord de la France et St Sever panse ses
blessures.
Au début du XVème siècle, la
ville se compose de deux parties inégales :
-
la zone "extra-muros" se compose d'une
somme de petits faubourgs parfois fortifiés. Au bas du Pouy, l'hôpital et la
Chapelle Saint-Michel, le pont en bois sur l'Adour et le moulin de Cartie
constituent les seules constructions de la zone urbaine actuelle. Le castrum de
Morlanne se situait au sud-est du plateau sur les deux buttes féodales. Il
semble que la rue Tournante et la rue de
Pontix, et le groupe de maisons symétriques par rapport à la rue de Pontix,
pouvaient constituer un petit ensemble fortifié protégeant la porte du
sud-ouest dite de Pontix située à 30 mètres au nord. Le bourg de l'Aiguillerie
existe au sud de la ville et il pouvait être fortifié le cas échéant. La fabrique
d'aiguilles se situait près de la porte sud-est.
-
la zone "intra-muros" est délimitée par
un mur de 1150 mètres de longueur. Elle a une forme triangulaire. Ces derniers
espaces construits à l'intérieur se situant dans la partie sud et sud-est de la
vieille ville. La surface urbaine "intra-muros" s'élève alors à
environ 5 hectares. L'entrée dans la vieille ville se faisait par 4 portes
principales :
-
la porte des POUSSOLES (TOURON) à l'ouest
-
la porte de PONTIX au sud-ouest
-
la porte vers LA LOBERE au sud-est
-
la porte du PALESTRION au nord
Le franchissement
de l'abrupt se faisait par 2 chemins carrossables, celui de la côte de Brille
(porte du Palestrion) et celui de la côte du TOURON (porte des Poussoles).
En 1441, la guerre revient
en Gascogne et après la chute de TARTAS et de MONT DE MARSAN, le 27 juin 1442,
Charles VII en personne assiège SAINT SEVER.
Les cinq lignes de défense (comprendre des points de résistance à
l'intérieur et à l'extérieur) sont enlevées et la ville tombe. Mais les Anglais
reviennent et durant l'automne, SAINT SEVER supporte un siège d'un mois et
tombe définitivement aux mains des Français.
21
23
De la 1ère reconstruction au
passage des protestants (1443-1569)
Les revenus de
l'abbaye sont très bas, le désastre est grand, nombre de gens ont péri, des
îlots entiers ont été détruits par les flammes. Encore une fois, les
bénédictins seront les principaux artisans du redressement. Au début du XVIème
siècle la reconstruction se poursuit lentement. L'abbé Gabriel de GRAMMONT fonde
un collège.De 1568 à 1570, la Chalosse subit les horreurs des guerres de
religion. A partir du 11 septembre 1569, le huguenot MONGOMERY met la ville à
sac. Outre la destruction presque totale de l'abbaye, il brûle beaucoup de
maisons dans la ville et les faubourgs.
La 2ème reconstruction et les
grands travaux du XIIIème siècle (1571-1809)
Une dernière
fois, les bénédictins reconstruisent leur abbaye, leur église et leur ville
mais les dernières réparations s'achèvent en 112 ans après la destruction par
l'abside de l'abbatiale.
Deux nouvelles
communautés religieuses s'établissent. Les capucins construisent en 1624 leur
couvent et leur église dans le faubourg de la Guillerie (actuellement l'hôpital
de SAINT SEVER). Les moniales de l'ordre de St URSULE quelques années plus
tard, après l'accord des bénédictins et la destruction d'un îlot s'installent à
l'intérieur des murs à 50 mètres au nord de l'abbaye des disciples de St
Benoît. Ainsi, à la fin du XVIIe siècle, Saint Sever abrite 4 communautés.
Fin juin 1653,
Saint Sever est menacé et mis en état de défense en raison des troubles de la
Fronde, mais l'assaut n'a pas lieu et la ville peut ensuite penser à améliorer
sa morphologie urbaine.
Durant le XVIIIème
siècle, comme dans beaucoup de villes françaises, les intendants et les
municipalités pratiquent une politique de grands travaux faisant éclater les
remparts. Tout d'abord, le château fort de Morlanne est rasé et ses pierres
servent à la construction de maisons. Les aménagements les plus importants sont
la création de la nouvelle route destinée à franchir l'abrupt et les
réparations du pont. Les travaux commencent après les expropriations en 1767 et
s'achèvent en 1777. La côte contournant Morlanne a nécessité la création, sur
l'ancien fossé, de la place du Cap du Pouy. De là part, le long du fossé, une
route (rue Louis SENTEX) hors les murs qui rejoint à la place du Castellet la
vieille voie passant par la ville. Depuis la place du Cap du Pouy, la rue qui
monte à Morlanne est créée. L'actuelle rue Lafayette est alignée par des
destructions d'arceaux. En 1778, un autre vieux monument disparaît. L'hôpital
Saint MICHEL que les bénédictins avaient construit au Bas du Pouy au XIIIème
siècle est détruit. De même, sous la Révolution, est démolie la mairie située
sur l'actuelle Place de Verdun.
Le tourbillon révolutionnaire fait fuir les
bénédictins, les capucins, les jacobins et exile provisoirement les ursulines
qui s'installent plus tard à l'actuel dépôt CRABOS, rue du Général DURRIEU
jusqu'en 1905. L'abbaye bénédictine est morcelée entre des particuliers, le
clergé régulier et la communauté publique. Le couvent des Jacobins devient un
collège. Les bâtiments des Ursulines sont transformés en Tribunal d'Instance,
en prison et en gendarmerie qui quittent la place du CASTALLET. Enfin, le
monastère des Capucins devient le nouvel hôpital. La sous-préfecture s'installe
sur la Place du Tour du Sol.
24
En 1809 est
dressé le premier plan cadastral qui est le premier document sérieux décrivant
la zone urbaine (plan n° 7). A cette époque, il nous est aisé de déduire
d'après ce plan les zones construites entre la fin du XVème siècle
et l'année 1809. Durant le XVIème, XVIIème et XVIIIème
siècle, la ville s'étend en particulier
à PONTIX sur le chemin de la gale (rue
E. LEROY) et sur les côtés de l'actuelle rue St VINCENT DE PAUL, au TOURON à
l'ouest de la porte du CASTALLET sur l'actuelle rue du CASTALLET, à la CIZE, à
la GUILLERIE, au BELLOC (entre le chemin de la TUILERIE et la tour Sud-Est, à
MORLANNE après la destruction du château fort, au bas du POUY et le long de la
nouvelle côte. C'est durant cette période que PERE commence à se développer à
partir de l'entrée Nord du pont actuel.
LA STAGNATION
DANS LA CONSTRUCTION (1810-1945)
En 1810, le
Général LAMARQUE achète un vaste espace situé au Nord des Jacobins. Il
construit son château en plein centre de la cité en détruisant une placette,
une portion de l'actuelle rue des Ursulines et entièrement une autre. Il crée
le long de la face Nord de sa propriété une rue destinée à pallier la
disparition de la vieille voie (actuelle portion de la rue Agnoutine donnant
sur la nationale 133).
Le passage des
troupes anglaises du Maréchal WELLIGNTON en 1814 ne perturbe pas la morphologie
de la ville qui fut évacuée sans combat par les troupes anglaises de SOULT.
Seul le pont sur l'Adour fut détruit une nouvelle fois. Si la cité s'était
développée, le plan cadastral de 1844 aurait pu permettre par déduction de
connaître l'extension de la ville depuis 1809. Durant cette période, outre les
reconstructions de maisons vétustes, Saint Sever a gagné une dizaine de maisons
et l'usine à gaz située au carrefour de la nouvelle côte et de la côte de
Brille. De cette époque date l'endiguement de l'Adour et la zone industrielle.
De cette période date aussi la création de la rue reliant la rue St Vincent de
Paul et la rue de la Guillerie.
La fin du XIX
ème siècle va surtout voir le développement des infrastructures et des
superstructures de la cité car la diminution de la population n'entraîne que
peu de constructions. La ville s'étend à Morlanne, le long de la rue du
Castallet et sur la route de Hagetmau, de la rue E. Leroy et entre le Bas du
Pouy et le pont. Cette période est surtout marquée par l'éclosion de PÉRÉ qui
s'étend jusqu'au carrefour des nationales puis sur la route de Tartas.
L'entre-deux guerres voit le
développement de la zone située le long de la nationale 133 entre la nouvelle
gendarmerie et le chemin vicinal du cimetière. L'installation du CARMEL date de
l'entre-deux guerres.
Les
infrastructures s'améliorent ou sont créées. La rue des TILLEULS est percée, en
1870 le pont reçoit un tablier métallique, la place du Tribunal est agrandie en
1894 et l'aménagement de la place de la République débute. Entre 1885 et 1889,
le chemin de fer arrive et la gare est construite au Bas du Pouy. Un château
d'eau est appuyé à la chapelle des Jacobins.
25
Saint Sever crée
aussi ses superstructures.
De 1882 à 1887,
la nouvelle gendarmerie s'élève au BELLOC, puis les écoles publiques sont construites
à la Guillerie et au Touron, les écoles privées à Prouyan. En 1895, à la place
de la vieille gendarmerie, on édifie une halle destinée au marché à la
volaille. C'est dans cette période que l'abattoir est construit près de l'usine
à gaz. L'arrivée de l'électricité impose la construction d'une sous-station sur
le chemin de Cachon. En 1933, les arènes sont élevées à Morlanne. L'école et la
chapelle d'AUGREILH datent de l'entre-deux guerres (photographie n° 7, planche
2). Le parc de Toulouzette près de la Sous-Préfecture, le jardin public de
Morlanne et les pentes commencent à être transformés en espace vert. De même
les associations sportives créent deux terrains de sport, l'un rue St Vincent
de Paul, l'autre dans la boucle de la voie ferrée au Bas du Pouy.
Enfin, en 1905,
le couvent des Ursulines est fermé à cause de la loi de séparation de l'Eglise
et de l'Etat, et est transformé peu après en une manufacture de plumes. Le XIX
ème siècle et le début du XX ème siècle, malgré cette
énumération, voient un ralentissement très net de la construction. Ainsi,
pendant un siècle et demi, Saint Sever gagne environ 50 à 60 maisons mais le
nombre de reconstructions est beaucoup plus important.
Le léger
redressement d'après guerre (1946-1962)
C'est en 1946 que
Saint Sever se trouve au creux de la vague démographique. Mais surtout, à
partir des années 1950, une partie de la population prend conscience du péril
pour la cité. La période de 1948 à 1962 voit construire 95 logements pour 134
permis de construire, soit en moyenne près de 7 maisons par an. Ce chiffre est
bas mais nettement supérieur à l'époque précédente. En 1952-1953 apparaît à
Saint Sever une nouvelle forme de construction : le lotissement. Le seul
lotissement de cette période est créé sur la route de Pau, près de la vierge de
NOTRE DAME DE CHEZ NOUS, il comporte 29 LOTS. Mais il faudra plusieurs années
pour l'urbaniser complètement. Malgré cela, le "coup par coup"
continue, en particulier dans la rue ARNAUD DE MOLES, à partir du carrefour sur
la route de Pau et en divers endroits de la zone urbaine. Mais ces
constructions sont peu nombreuses.
Les
superstructures sont améliorées par l'aménagement de la nouvelle halle en 1957
à l'emplacement de l'ancienne prison, par la transformation d'un immeuble de la
rue de l'Hôtel de Ville en centre postal, par l'installation du C.E.G. en 1959
dans les locaux de l'ancienne Sous-Préfecture et par la création des douches
municipales sur les anciens haras.
Ces réalisations
s'accompagnent de travaux d'infrastructures : création d'une rue joignant
directement la rue Lamarque à la Place de la République et la construction du
parking de la Poste. Les travaux d'infrastructures portent aussi sur les routes
vicinales et surtout sur l'adduction d'eau avec la construction en 1952 du grand
château d'eau de HOUNTAGNÈRES.
26
Il faut aussi
noter la construction des usines COFNA et S.A.S.O.
Si, durant cette
période, les réalisations et les constructions demeurent modestes, un groupe
d'hommes de la génération d'entre-deux guerres prépare l'avenir proclamant
"Saint Sever bouge".
L'explosion
suburbaine (1963-1971)
Les chiffres sont
significatifs :
- de 1948 à 1962 :
134 permis de construire soit 7 par an
- de 1963 à 1970 :
334 permis de construire soit 41 par an
La
construction a donc sextuplé. Les lotissements se développent dans les trois
zones urbaines. En 1964 à PÉRÉ, à l'ouest de la route nationale 133 et au sud
de la route nationale 124 est tracé le lotissement du TÉRÉ qui comporte 16
lots. En 1967-1968, c'est le tour d'AUGREILH d'avoir son lotissement de 22
maisons avec le BETH-CEOU, situé sur le bord de la départementale 32. Mais
pendant ce temps, en 1964-1965, la ville se développe à l'ouest par la cité
MONTADOUR avec 125 logements. Au
sud, sur le plateau de LARREBOUILLE, le lotissement CAP DE GASCOGNE avec 12
hectares et ses 87 lots double presque
la surface de la ville. Ce lotissement ainsi que celui de LAPALOQUE ne sont pas
encore entièrement achevés. Mais la zone urbaine s'agrandit aussi à PROUYAN par
l'extension de l'école privée et quelques maisons individuelles ; sur la route
de Pau où le lotissement NOTRE DAME DE CHEZ NOUS est relié à la zone urbaine
par la construction en 1970-1971 du centre le "CAP", et à AUGREILH
par des installations coup par coup le long de la départementale 32 et près de
la halte. De même, la ville développe
ses superstructures par l'agrandissement en 1965-1966 de l'hôpital en
1970, par la construction des HLM et de l'école maternelle en 1969. Les
installations sportives sont améliorées et nanties d'une piscine en 1970 et des tribunes au stade 1971. Durant cette période, un véritable
camping est construit au stade municipal et les bords de l'Adour sont aménagés.
Les
infrastructures suivent le développement. Le réseau d'égouts est rénové, la
distribution de l'eau est améliorée par les nouveaux châteaux d'eau de
Hountagnère et du Pipoulan. Les voies sont refaites et des trottoirs sont
installés le long de la nationale 133 dans la ville haute. La rue des Tilleuls
élargie dote l'ensemble hospitalier d'un parking assez vaste. La traversée de
la ville par le trafic lourd est améliorée par la création en 1970, à la limite
sud du lotissement Cap de Gascogne d'une voie spéciale reliant la
départementale 32 à la nationale 133, et par la réfection en 1971 du pont sur
l'Adour. Un petit aérodrome est construit en 1963 au quartier d'Espagne.
Mais durant
cette période, la rénovation urbaine préoccupe les édiles municipaux. Le
percement de la rue du Sénéchal en plein centre de la ville et la création de 8
maisons en constituent le principal site. Il faut ajouter aussi
27
l'élargissement de la rue
A. Marrast, la création de la cour de l'Hôtel de Ville et la transformation de
la place du Tribunal.
Enfin une
zone industrielle de 8 hectares est créée en 1963 à l'ouest de Péré sur le bord
de la nationale 124. Il faut signaler aussi la construction des ateliers
SOLUMA, SOLEMA et DUBERNET.
Pendant
cette période de sub-urbanisation, la ville a doublé en 8 ans la surface
urbaine déjà existante depuis 10 siècles.
28
CHAPITRE III
LA MORPHOLOGIE,
LES STRUCTURES URBAINES
ET LES PROBLÈMES
D'UN URBANISME
Description du paysage urbain et de ses
environs
De la tour du
clocher le regard embrasse les quatre points cardinaux :
- Au nord, la
vieille ville avec son enchevêtrement de vieux toits et de maisons à pans de
bois semble prendre d'assaut la butte de
Morlanne que protègent et couronnent les futaies du parc. L'abrupt, marche
initiale de l'escalier qui conduit aux Pyrénées avec sa ligne de frondaison,
arrête la ville. Il plonge tel un flanc de navire dans la mer de pins ondoyante
avec sa gamme de nuances allant du vert bleuté au noir d'encre.
- A l'ouest, le Touron tel
une excroissance au milieu de la verdure termine le vieux centre. Plus loin,
derrière le ravin, la blanche cité Montadour détonne dans son écrin boisé et
verdoyant. Le plateau de Pipoulan-Maydediou avec sa balustrade formée d'arbres
fend tel la proue d'un navire les flots foncés des forêts du Marsan et de la
vallée du Gabas.
- Au sud, la
longue façade de l'Hôtel de Ville semble arrêter les vieux toits et les murs
grisâtres. Au-delà, s'étendent les lotissements Cap de Gascogne et Notre Dame
de chez Nous qui forment une bande claire coupée par la Guillerie. Puis, le
plateau, mosaïque de cultures, s'interrompt tel un balcon sur la vallée du
Gabas. A l'horizon, la Chalosse tourmentée et riante annonce par ses collines
les Pyrénées. Tableau grandiose quand l'atmosphère s'y prête et divers lui
aussi selon les heures du jour : le soleil levant allume sur l'écrin blanc des
pentes neigeuses une multitude de points de diamant ; le couchant, éclairant
les sommets à revers, les teinte en rose vif tandis que les premiers plans
entrent dans l'ombre et se foncent avec la nuit.
- A l'est, les Jacobins et
le château Lamarque dissimulent le plateau qui s'élève peu à peu jusqu'au Pouy
de Montsoué dominé par son relais de télévision émergeant au milieu des chênes.
Tel est le tour d'horizon empreint d'une
singulière grandeur que nous pouvons faire du haut du clocher de l'abbatiale de
Saint Sever Cap de Gascogne.
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31
La morphologie et les structures urbaines :
- La vieille
ville (plan n° 8)
Nous entendons
par vieille ville, la zone intra-muros, c'est à dire le noyau urbain. Elle est
délimitée par la nationale 133 au nord-est et à l'est, par la rue de l'Hospice
et les maisons de la rue Durrieu au sud, par les maisons en façade sur les
places du Tour du Sol et Léon Dufour et la rue Lafayette à l'ouest et au
nord-ouest, par la place du Cap du Pouy au nord.
Les rues de la
vielle ville méritent d'être étudiées.
La voie formée
par la rue des Arceaux et la rue Lamarque (photo n° 5, planche II) constitue l'épine
dorsale de la zone intra-muros. La rue Lafayette, la rue Durrieu et la rue de
Pontix jusqu'à la place de l'ancienne porte constituent des voies parallèles
aux fortifications. Il existe encore par endroit des impasses servant à la
desserte des murs. La rue L. Sentex, la place de la République et la rue de
l'Hospice sont des voies construites dans les anciens fossés. Les autres rues
partagent les divers îlots.
Seules la
"dorsale", la rue Lafayette, la rue Armand Marrast possèdent une
largeur supérieure à 8 mètres. Les autres rues ne permettent pas à trois
véhicules de se croiser et parfois, il n'y a de place que pour un. Ainsi, sur quatre
voies qui mènent à la place du Tribunal, marché de la volaille, trois ont moins
de 5 mètres de large. Plusieurs rues commencent par un goulet d'étranglement :
la rue de Pontix au niveau de la place Léon Dufour, la rue du Touron seule
artère de ce quartier a une largeur de 2 mètres empêchant le passage des
camions, la rue St Jean dans sa partie nord et les deux rétrécissements de la
rue du Sénéchal. Toutes ces anomalies posent des problèmes de circulation. La
rue de Pontix et la voie Guillerie-Lamarque, pénétrantes sud-ouest et sud-est,
ne suffisent plus pour assurer le trafic venant de la zone urbaine sud et de la
Chalosse. Pour cela, il est nécessaire de détourner les habitants du
lotissement Cap de Gascogne de ces 2 axes en créant une voie avec des constructions
reliant la rue d'Espagne avec le CEG à la rue du Sénéchal (photo n° 9, planche
IV).
L'enclavement du
Touron pose un problème délicat, surtout compte tenu du faible nombre de
maisons dans ce quartier. Le stationnement dans le noyau n'est actuellement pas
le plus grand problème urbain. Il existe 6 parkings dans le centre de la ville
avec 230 places dont 20 Place du Cap du Pouy, 35 Place du Tribunal et la halle,
45 Place du Tour du Sol, 10 Place Léon Dufour, 45 autour de l'Hôtel des Postes
et surtout, 120 aux alentours des Jacobins. A cela, il faut ajouter le
stationnement le long des rues. Seuls, les jours de marché, posent un problème
en raison de la fermeture des parkings du Tour du Sol, du Tribunal et des
halles, qui entraînent le reflux des voitures saint séverines vers la Poste, la
place Léon Dufour et le Cap du Pouy. Ainsi, le samedi, la pénurie des places de
stationnement s'accentue et les voitures sont refoulées aux Jacobins et à
Morlanne.
L'aménagement en
parking ou en emplacement pour les forains de l'îlot du Tribunal permettrait un
allègement du centre de la vieille ville, le samedi en particulier. Les jours
sans marché, s'il existe certains endroits de la zone commerciale encombrés,
cela provient surtout du refus des automobilistes d'occuper les parkings
32
périphériques comme ceux de la Poste, du
Tribunal et les abords de l'ensemble des Jacobins.
Les problèmes de la circulation, du
stationnement, s'ils nécessitent parfois des opérations de rénovation urbaine,
nous semblent secondaires vu la taille de la cité face au dépérissement de
certains immeubles à architecture intéressante. Le classement de la vieille
ville "Site urbain protégé" impose de nécessaires contraintes sur les
façades, les toitures et les reconstructions, freinant parfois les réparations
par des questions de financement ou plus simplement administratives.
33
34
Les constructions de la vieille ville (voir
plan 8, croquis 9)
Le centre du
noyau urbain est caractérisé par des îlots avec une grande densité de
construction. Ce fait est surtout notable autour de l'ancienne abbaye
bénédictine. Les maisons ont généralement une courte façade avec un magasin
étroit et profond. Elles s'allongent en profondeur donnant sur des petites
cours. C'est le domaine des cages d'escaliers avec des verrières servant à
éclairer les pièces intérieures. Certains immeubles possèdent des dépendances
sur l'arrière qui donnent sur une ruelle ou une impasse. C'est le cas par
exemple de l'îlot formé par la place de
Verdun, les rues du Tribunal, des Ursulines et Agnoutine. Les jardins potagers
ou les espaces verts ne sont pas absents mais s'ils existent dans les îlots
excentrés, c'est entre les maisons et les anciens remparts.
Parfois, il
arrive qu'un îlot central enserre quelques petits jardinets. Le centre est le
domaine des maisons à 2 étages puisque la zone intra-muros a un seul immeuble à
3 étages et 122 à 2 étages sur 156.
Au nord et à
l'ouest de l'abbatiale, nous comptons 14 maisons à arceaux. Comme tous les
centres urbains, les immeubles sont exposés à notre époque à un certain
dépérissement et à la vétusté. Il n'existe pas dans ce petit noyau urbain de
zone où se regroupent les catégories socioprofessionnelles. Mais certaines rues
et places sont constituées par des immeubles loués à des ouvriers, des petits
employés ou des retraités qui deviennent vite dégradés par manque d'entretien.
C'est le cas de plusieurs habitations de la place du Tour du Sol, de la rue du
Tribunal et de la rue Durrieu. Les commerçants et les professions libérales
entretiennent plus régulièrement leurs logements.
Les vieux quartiers extra-muros :
MORLANNE-CIZE, GUILLERIE, BELLOC-CASTALLET, PONTIX, BAS DU POUY et PERE
(planche III, croquis n°9)
Ces quartiers
comportent de nombreux points communs. Tout d'abord l'histoire les rassemble,
ils constituaient la zone extra-muros de la vieille agglomération.
Ils sont
généralement plus récents que les îlots du centre. Leur développement a été lié
aux routes départementales et nationales traversant la ville.
C'est le cas des
quartiers de Pontix, Guillerie-Belloc-Castallet, Bas du Pouy et Péré. La
largeur des rues, l'absence d'activité commerciale et la faible densité de
l'habitat suppriment les problèmes de circulation. Il faut quand même signaler
deux carrefours dangereux : Place du Castallet et le carrefour des rues de
Pontix- E. Leroy et avenue des Pyrénées.
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La forme des
constructions elle aussi marque ces vieux quartiers extra-muros. Ici, c'est le
domaine des maisons en façade sur la rue avec en arrière le jardin. Suivant les
endroits, l'immeuble peut avoir une étroite ou une longue façade.
Ce plan de
quartier, s'il ne permet pas une grande densité de constructions, a le grand
avantage de donner aux rues une allure urbaine. L'habitat trouve dans le
jardin, le coin de terre qui lui rappelle la vie rurale avec le gazon, le
potager et le petit élevage avicole. Si la surface de la propriété est petite,
le jardin devient une cour comme c'est le cas dans la rue de Belloc (photo n°
6, planche II).
Les structures particulières de la
population des 2 zones de la vieille agglomération :
La vieille
agglomération possède une population plus âgée que celle du reste de la
commune, les familles jeunes habitant dans la zone suburbaine. Le taux de
natalité est plus faible (maternité exclue), inversement le taux de mortalité
est plus fort.
Dans la vieille
agglomération, les ménages à 1 personne forment 27 % de l'ensemble et 22,5 %
des ménages ont 2 enfants. Les ménages nombreux sont peu importants : 4 % avec
6 personnes et 4 % plus de 6. Ces données précédentes expliquent la faible
densité des personnes par logement dans la vieille ville qui est de 3 et 4,4
dans les deux autres zones. La vieille agglomération, en raison de ses
immeubles à deux étages, voit le rapport logement sur immeuble égal à 1,20
tandis que la campagne et la zone suburbaine le rapport est de 1.
La ville possède
près de 1 logement vacant sur 8. Malgré cela, la demande est supérieure à
l'offre (cité Montadour exclue) à cause de l'état défectueux et du prix élevé
des loyers des logements vacants.
L'ancienne zone
urbaine connaît une répartition par catégorie d'activité économique
caractéristique. Les agriculteurs en sont naturellement absents, les militaires
sont très peu nombreux, par contre cette zone possède tous les membres du
clergé, les commerçants et presque tous les gens du service santé.
Les autres
secteurs d'activité sont partagés entre la ville, la zone suburbaine et la zone
éparse. Mais il faut noter l'importance des ouvriers dans la vieille
agglomération et le reflux dans la périphérie suburbaine des employés de bureau
et des membres de l'enseignement.
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L'urbanisation récente : La cité Montadour
: (photo 10, planche V)
Construite en
1965-1966 par la S.O.G.I.N.A., filière de la Caisse des Dépôts et
Consignations, les 125 logements étaient initialement destinés aux militaires
de la Base Aérienne 118 de Mont de Marsan. L'emplacement de la cité, sur une
portion du plateau de Pipoulan-Maydediou, permettait un plan original.
L'architecte créa 3 quartiers autour de 3 placettes. La forme de cet ensemble
est remarquable sur la photographie aérienne. Les maisons se touchent et
donnent sur des espaces verts situés en arrière.
A cela, il faut
ajouter un bloc à deux étages construit à l'entrée de la cité. Le chauffage des
habitations est fourni par une seule chaufferie située près du bloc.
La nature et la
fonction des habitants donnent à cet ensemble une structure très particulière.
En 1968, pour 93 familles, il y avait 92 couples avec 383 habitants. Les
adultes ont entre 20 et 40 ans et les enfants de 0 à 19 ans. Cette structure
d'âge particulière se conserve en raison des mutations rapprochées des
militaires.
De nos jours, la
cité Montadour est ouverte aux civils car les militaires boudent les prix
élevés des loyers et cherchent à se loger en ville ou à Mont de Marsan. Les
nouveaux locataires civils sont, soit des fonctionnaires (enseignement,
bureaux, etc ..), soit de jeunes couples issus de familles bourgeoises. Ces
faits expliquent l'existence de quelques logements aux volets clos.
Les lotissements (croquis n° 9)
Ils ont été
construits pour loger un excédent de population et surtout pour des Saint
Séverins qui fuient les vieilles maisons difficiles à entretenir. Au
lotissement Cap de Gascogne, 32 % viennent de Saint Sever et 25 % de la France
sans l'Aquitaine.
Les lieux
d'implantation de ces lotissements ne proviennent pas d'un plan pré-établi. Le
Cap de Gascogne, le Téré et Lapaloque furent tracés contre la zone urbanisée
déjà existante mais le Beth-Céou et Notre Dame de Chez Nous s'installèrent en
pleine zone rurale ce qui n'est pas sans poser des problèmes d'équipements. Cet
ensemble suburbain (cité Montadour exclue) comportera 166 maisons et 24
logements HLM répartis comme suit : 29 à Notre Dame, 22 au Beth-Céou, 18 au
Téré, 87 au Cap de Gascogne, 10 à Lapaloque.
La morphologie est la
morphologie classique du lotissement : lot rectangulaire de 700 à 800 m² avec
la maison occupant la partie sur la rue. Le devant de la maison sert de jardin
d'agrément et l'arrière de jardin potager qui donne soit sur les champs, soit
généralement sur un autre lot identique. Ce mode d'urbanisation occupe une
grande surface au Cap de Gascogne (photo 11, planche IV) : 11 logements pour 12
hectares.
La structure de
la population des lotissements Saint Séverins mérite une étude. L'acheteur a
entre 30 et 50 ans. Il s'agit de couples d'âge moyen ou de jeunes retraités. Le
ménage à 1 personne n'est pas représenté.
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Au lotissement Cap de Gascogne, 21,8 % des habitants
appartiennent au secteur secondaire et il y a 17,4 % de militaires, 21,8 %
d'employés de bureau et
10 % de retraités.
Les grands problèmes d'urbanisme et les
orientations de zonage urbain :
Le problème est double et
il s'agit tout d'abord de revitaliser le centre tout en conservant son
caractère architectural et historique, et ensuite de contrôler dans l'espace
l'extension suburbaine.
- La vieille ville
doit accroître sa fonction de centre commercial par la modernisation et l'extension
de certains petits magasins à revenus élevés.
- Les problèmes de
circulation et de stationnement peuvent être rapidement réglés par des mesures
draconiennes … Le fait le plus important
est actuellement la conservation du patrimoine architectural privé.
- La zone
suburbaine pose des problèmes isolés qui comportent des solutions indépendantes
les unes des autres.
- Le zonage
urbain :
L'extension
future de la commune doit être envisagée et les solutions doivent tenir compte
de nombreuses données.
Le quartier du
Touron, vu son enclavement et sa surface, doit-il être aménagé de façon
particulière ? (jardin public, espaces verts, centre aéré, zone de jardins
potagers, abandon, etc ...).
Le quartier de
Projan peut faire l'objet après l'aménagement des voies d'accès d'un petit
lotissement ou du moins d'un lieu de développement des habitations par le
système du coup par coup.
Les plateaux de
Pipoulan-Maydédiou, Portets-Bernède, Métaou de Haut-Nauton peuvent faire
l'objet de lotissements de grande envergure.
Le rattachement
d'AUGREILH à la ville le long de la départementale 32 n'est pas souhaitable et
le domaine de FLEURUS sert de bouclier de protection.
La zone entre
l'Adour et l'abrupt ne peut se développer à l'ouest à cause de l'emprise
ferroviaire et à l'est de l'emprise sportive et des marécages de Cachon.
Les abords
immédiats de Péré ne peuvent être construits en raison des marais inondables de
la Coulaquère, de la zone industrielle et de la limite de la commune au nord.
Les seuls endroits sur la commune véritablement favorables sont situés près de
Sainte Eulalie. Une urbanisation de ce genre conduirait à accentuer l'étirement
déjà très sensible de la zone urbaine. Péré ne doit pas voir de grands
lotissements mais connaître l'installation d'ateliers et de petites usines dans
la zone industrielle et autour de celle-ci.
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