mercredi 8 octobre 2008

S : Saint Sever Etude de géographie urbaine 1971 - 1ère partie



 
Université de BORDEAUX                                                                           1
               Faculté des Lettres
                                    Et
                 Sciences Humaines


SAINT – SEVER

Etude de géographie urbaine



             Novembre  1971                                                       Jean-Paul FARBOS
                                                                         
 T.E.R.Sous la direction de Melle CASSOU-MOUNAT de l’université de Bordeaux



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A ma mère

     A mon père décédé…

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AVANT-PROPOS
Cette étude urbaine sur Saint-Sever, nous l'avons choisie en raison de notre origine et de notre attachement à la terre gasconne. Etant enfant du pays, nous avons trouvé de grands avantages dans la recherche et la collecte de la documentation de base. Mais notre état de Saint-Séverin, nous oblige à consacrer de gros efforts dans l'application objective des faits humains et économiques.
Notre but n'est pas de faire l'historique de cette vieille cité mais de nous servir de l'histoire afin d'expliquer l'évolution de la morphologie urbaine. Le poids de l'histoire et le long déclin de la cité doivent nous contraindre à orienter nos recherches économiques et humaines relativement loin dans le passé afin d'élucider certains caractères actuels.
Ces travaux ne se consacrent qu'à la partie urbaine de la commune de Saint-Sever. Mais souvent il nous faut tenir compte de l'existence d'un secteur rural important en particulier lors de l'étude de la géographie de la population. Nous n'étudions donc ni la géographie de la partie rurale, ni l'économie agraire. Notre travail comporte par conséquent l'analyse de l'évolution de l'espace urbain et les problèmes actuels, l'étude de la géographie de la population et l'évolution des activités économiques.
Nous tenons à remercier en premier lieu l'artisan du renouveau de la cité, Maître Jean-Marie COMMENAY, le député-maire de Saint-Sever.
Nos remerciements s'adressent à toutes les personnes que nous sommes allés voir : M. DAUGE, secrétaire de mairie et les membres de son secrétariat et les services municipaux, les chefs d'entreprises et leurs employés, les commerçants, le service des archives départementales, la direction des Ponts et Chaussées, le personnel administratif de l'hôpital de Saint-Sever, le clergé paroissial, le personnel du service photographique de la base aérienne 118, le personnel de la gare S.N.C.F., les hôteliers, les architectes du nouveau plan d'urbanisme, M.M. GIRARD et De GUENIN, Maître DULAS, avoué honoraire et érudit, Melle Martine REY, auteur du T.E.R. sur Hagetmau, etc …
Nous ne pouvons oublier le Docteur Paul DUBEDAT, adjoint délégué aux affaires culturelles et au tourisme et M. MORINGLANE, adjoint délégué à l'aménagement urbain, pour leur aide technique et matérielle.
Que soit remerciée enfin, Melle CASSOU-MOUNAT, professeur, dont l'aide patiente et les conseils ont permis à ce travail d'aboutir.
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INTRODUCTION

La ville de Saint-Sever fondée en 963 ou 993 mérite à nouveau, depuis le recensement de 1968, sa place parmi les ensembles urbains avec ses 2 806 agglomérés et ses 4 360 habitants. La décadence de la ville depuis la révolution française fait de Saint-Sever une petite cité d'importance très secondaire dans le Sud-Ouest. Nous sommes loin de l'époque du passage des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle et de la domination anglaise sur l'Aquitaine durant laquelle Saint-Sever faisait partie avec Bayonne, Dax, Tartas et Bordeaux des cinq villes dirigeantes. (Nous pouvons nous référer à la carte, page 118 de l'Atlas Historique de Poche Stock). Actuellement, la cité joue un rôle minime venant surtout de sa situation.


SITUATION DE LA VILLE : (Cartes n° 1 et n° 2)
A 16 kilomètres de Mont de Marsan, 37 d'Orthez, 44 de Dax, 64 de Pau, 91 de Bayonne, 139 de Bordeaux, Saint-Sever est située à la charnière entre la vaste plaine des Landes au nord et les collines accidentées de la Chalosse au sud. Au contact des deux zones économiques différentes, la cité fait figure de porte de la Chalosse. Le pont sur l'Adour et la route nationale franchissant l'abrupt nord du glacis de Garlin – Saint-Sever confirme cette dénomination. La carte n° 3 montre très nettement l'influence du pont et de la côte de Saint-Sever. Ainsi, les 2/3 des aturiens chalossais de la zone d'influence de Mont-de-Marsan passent par le pont de Saint-Sever pour se rendre au chef-lieu des Landes. Ce fait est rendu possible par la nationale 133 (PERIGUEUX PAMPELUNE) qui est la seule voie de cette importance, traversant la Chalosse dans la direction Nord-Sud et par la convergence près de la ville de la nationale 644 et des départementales 8,32, 21 et 25. La carte n° 3 est l'illustration de ce fait caractéristique.
Si, provisoirement, le pont de Saint-Sever est limité à 20 tonnes, l'achèvement des travaux accentuera cette fonction de passage d'autant plus que les ponts voisins de MUGRON et GRENADE servent à des départementales à faible débit, à parcours sinueux et dangereux pour les poids lourds. Nous avons pu chiffrer cette fonction de passage grâce aux sondages des Ponts et Chaussées. D'après un sondage, effectivement entre le 17 et le 23 mars 1971, il passe en moyenne 3 351 véhicules par jour mais ce nombre peut atteindre 5 000 à 5 500 durant l'été. Au point de passage sur le fleuve s'ajoute le carrefour des routes nationales 124 et 133. La grande voie TOULOUSE-BAYONNE par le Nord suit depuis AIRE la vallée de l'Adour transformant cette route en un des principaux axes routiers des Landes. Le trafic sur la nationale 124 est d'environ 1 600 véhicules par jour. Ce carrefour est rendu plus important par les directions des deux routes.

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Cette situation favorable sur les axes routiers risque d'évoluer en raison des orientations du C.O.D.E.R. d'Aquitaine et de Midi-Pyrénées. En effet, les récentes décisions oublient le pont de Saint-Sever et la Chalosse et surtout les prolongements vers Sault-de-Navailles, des Landes, du Pont-Long pour la liaison Bordeaux-Pau. Mais surtout le projet de construction de la nouvelle route nationale 124 depuis Nogaro par Villeneuve ou la déviation de Grenade sur Mont de Marsan porte un grave préjudice à la situation jusqu'alors favorable au Cap de Gascogne.
Les autres routes sont d'intérêt local et les flux sont faibles. La nationale 644 en raison de l'étroitesse de la chaussée et son tracé sinueux ne joue qu'un rôle local. Ses 1 500 voitures à la sortie de Saint-Sever ne sont que 465 à Lacajunte en pleine zone rurale.
La situation dans le cadre régional tend à se modifier au détriment de la cité en raison des grandes orientations du réseau routier. Mais sur le plan landais et local, Saint-Sever garde sa position de charnière entre deux régions physiques et économiques très différentes malgré la présence de Mont de Marsan qui joue ce rôle avec brio.
CLIMAT :
Le climat de Saint-Sever comme celui de la région est océanique de type aquitain avec comme dominante des hivers doux et pluvieux et des étés relativement chauds. Mais il faut noter le petit hiatus climatique entre la Chalosse plus tempérée et entre la plaine landaise.
Les gelées sont moins nombreuses et moins tardives sur les collines que dans la vallée. Cette différence est très sensible à Saint-Sever entre la partie basse et la ville haute. Il en est de même pour les brouillards. Le climat des collines se rapproche davantage du climat palois que du micro climat montois.
Les précipitations s'élèvent à 858 mm par an en 119 jours. Il ne tombe que 790 mm à Aire, à l'est et 920 mm à Hagetmau, au sud. Les pluies d'automne avec 235 mm sont plus importantes que celles de printemps 210 mm (65 mm en avril). Les étés connaissent des pluies irrégulières. Si en moyenne il tombe 44 mm de pluie durant le mois de juillet, les variations sont très importantes entre deux années consécutives. Par exemple : en 1936, il est tombé 113,1 mm d'eau et en 1937, pas une goutte. Ces chiffres proviennent de la thèse de M. LERAT "Les Pays de l'Adour".
Ce climat océanique doux l'hiver et chaud l'été est un gros avantage pour Saint-Sever comme pour le sud de la région Aquitaine.

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PREMIERE PARTIE :


L'EVOLUTION DE L'ESPACE URBAIN

et

SES PROBLEMES ACTUELS

















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CHAPITRE 1 :

LE SITE

Si l'abbaye s'est installée à des fins religieuses, la ville se développe en raison du site exceptionnel que consti­tuent les abords du monastère. Ainsi, pour la période médiévale, le site prime sur la situation contrairement à nos jours.
Description du site avant l'urbanisation : Cartes n° 4 et n° 5
L'Adour, fleuve aux méandres divagants coule dans une vallée très dissymétrique. Au Nord, la plaine s'élève très lentement. Le fleuve qui changeait souvent de lit se déplaçait sur une bande de terre pouvant aller jusqu'à 2 km de large depuis le pied de l'abrupt. Le plateau a une altitude moyenne de 95 mètres. Il se termine à l'ouest par un éperon dû à la jonction de la vallée de l'Adour de direction Est-Ouest et la vallée du Gabas de direction générale Sud-Est, Nord-Ouest. Il s'agit donc d'une langue de terre s'élargissant vers l'est. Le plateau s'élevant progressivement vers le Sud-Est, est couronné par le POUY de MONTSOUE (167 m) situé à 6 kilomètres du centre de la ville. L'abrupt Nord a en moyenne 50 mètres de dénivellation et est boisé d'une végétation très luxuriante empêchant les phénomènes de glissement et d'érosion régressive. Mais le plateau est disséqué par des vallons étroits et profonds généralement perpendiculaires à l'abrupt Nord. Depuis l'éperon Ouest, nous en trouvons 5 importants (carte n° 5). Un de ces vallons (ruisseau du Touron) se divise en deux à 200 mètres de la ligne formée par l'abrupt. La branche Est, sur laquelle de nos jours la route nationale 133 prend assise, a sa tête de vallon (actuellement la place du Cap du Pouy) qui est à une vingtaine de mètres d'une branche du vallon suivant (Côte de Brille).
Ce trait du relief donnant une butte entourée de fossés  naturels (Morlanne). En arrière de cette butte, le plateau est pris entre le vallon du ruisseau du Touron à l'Ouest et le vallon du ruisseau de Proyan à l'Est, cette portion de terre supportant la ville actuelle.

Etude morphologique du site :
Cette étude provient d'un assemblage d'extraits des livres de MM. H. ENJALBERT, TAILLEFER et L.A. FABRE " Le bord de la Chalosse est un immense balcon suspendu au-dessus de la mer des sables et de la forêt sombre. La terrasse de St Sever est dominée par les replats alluviaux de la Chalosse d'une vingtaine de mètres qui sont dominés de 40 mètres par la bute de MONTSOUE qui appartient à l'ancienne surface ponto-pliocène. Il n'est guère douteux en effet que la dissymétrie de la vallée de l'Adour ait une origine surtout structurale.

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Les terrains qui affleurent sur le versant raide (molosse oligocène, grés éocène et par places calcaires marmoréens du crétacé supérieur), sont plus résistants et plus anciens que ceux du versant droit formés de dépôts peu consistants tous post-helvétiens. Les terrains du versant gauche plongeant vers le Nord sont peut être interrompus par des failles. Là on est à bout de voie, on a l'impression d'une chose incomplète, d'un hiatus géologique inexplicable, tant la brusque coupure qu'ouvre le fleuve dans ces masses friables de sables fauves et de cailloutis est étrange. L'aspect de ces môles gigantesques sur lesquels perchent Saint-Sever, Montaut, Mugron, face à l'Océan landais est saisissant …
Les profonds ravins dont la direction change avec celle de la pente de la terrasse et tourne comme elle vers le Nord-Ouest sont des sortes de reculées dont le développement a été vite arrêté. Le plus long ne mesure que 4 kilomètres, la nappe perméable des cailloux ayant protégé les sables fauves post-helvétiens et les marnes sous-jacents disposés en couche à peu près concordantes qui affleurent sur les versants des ravins. La terrasse conserve sa forme grâce à sa perméabilité et à la végétation de l'abrupt".

L'histoire du site préhistorique de MORLANNE :
La butte préhistorique a une surface plate de près de 3 hectares. Ce site a permis l'installation d'un foyer préhistorique. Cet emplacement suffit largement aux besoins des hommes de la préhistoire et de la protohistoire. Lors de l'arrivée des romains, des éléments de l'armée de Crassus en 56 Avant Jésus Christ remodelèrent la butte en un petit oppidum. Un gouverneur, dont le palais sommait l'éperon, le PALESTRION, régentait le pays et ce municipe bientôt florissant prit au cours des siècles et notamment vers la fin du IIIe siècle, la forme d'une véritable cité commerçante et agricole. Le poste prit le nom de CASTRUM CAESARIS.
Survint dans la seconde moitié du IVe LE CENTURION romain SEVERUS qui, à la tête d'une poignée de partisans, avait quitté sous JULIEN L'APOSTAT, le Bas-Danube pour aller vivre selon sa foi. Leur longue route les conduisit de TOULOUSE et de NARBONNAISE sur les rives de l'Adour. Mais en 407, le peuple vandale martyrisa SEVERUS qui aurait, après sa décollation, ramassé son chef pour le porter sur le plateau à l'emplacement de la ville actuelle. L'oppidum tomba et sur le tombeau du martyr les miracles se multiplièrent. Quoiqu'il en soit, l'existence sur la butte d'un monastère de l'ordre de SAINT BENOIT auprès du tombeau semble certaine à la fin du VIIe siècle. Mais vers 818, l'abbaye est complètement anéantie pendant la guerre entre les VASCONS et LOUIS LE PIEUX.
Cependant, le dixième duc d'Aquitaine, GUILLAUME SANCHE, vainqueur des SARRAZINS à TALLER, accomplit le vœu qu'il avait formé au cas où la victoire sourirait à ses armes et décide à construire un deuxième monastère en 963 ou 993, la date étant controversée. SANCHE voulut créer un grand monastère ayant un puissant rayonnement. Le site de MORLANNE s'avère trop petit pour supporter les bâtiments conventuels, les dépendances et les jardins.



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Par contre, la butte répondait parfaitement aux exigences militaires en ce début du Moyen Age. Le monastère s'installa sur le plateau à 300 mètres au Sud de MORLANNE. Autour de ce foyer, la population s'empresse d'accourir afin de se placer sous sa protection.
Le site Médiéval
Le centre de ce site est la position de l'îlot actuel Abbatiale-Mairie. Le monastère se trouve protégé à l'Ouest par le vallon du TOURON approchant à 100 mètres, au Nord à 200 mètres par le vallon séparant le plateau de MORLANNE, au Nord-Est à 300 mètres par le vallon de l'école chrétienne, à l'Est le vallon de PROJAN est le plus éloigné (700 mètres). Les ravins forment ainsi d'excellents fossés naturels à l'Ouest et au Nord de la ville. L'ensemble MORLANNE-La ville forme un endroit excellent de défense surtout orienté vers le Nord.

Problèmes actuels du site
L'abrupt et l'Adour coupent en deux la commune posant des problèmes de communication. L'unique pont routier sur l'Adour qui se trouve en zone urbaine constitue un véritable cordon ombilical. L'Adour est donc un grand obstacle pour la partie rurale de la commune. L'abrupt est lui aussi une véritable barrière. La route nationale 133 est le seul accès en venant du Nord par la partie centrale et la partie Ouest de la commune. La partie Est possède une petite route vicinale (carte n° 4).
Mais l'existence des ravins est plus grave : s'ils ne découpent pas la zone urbaine en plusieurs parties, ils l'ont modelée. Ils posent des problèmes de communications, d'infrastructure (eau, gaz, électricité). Le déversement des égouts dans leurs ruisseaux peuvent, outre la pollution, faire reprendre une érosion régressive arrêtée provisoirement par une végétation en équilibre instable.
Les conséquences de ce site défensif ont fait que la ville haute n'a pu acquérir la voie ferrée, la zone industrielle et les grands équipements sportifs et touristiques. Certes, si la poussée urbaine vers le Sud permet aujourd'hui de déborder les ravins du TOUTON et de PROJAN, ces vallons gênent le développement harmonieux d'une ville de cette importance.


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CHAPITRE II
L'EVOLUTION HISTORIQUE
DE LA MORPHOLOGIE URBAINE

La seconde abbaye devait donner naissance à la ville de Saint-Sever et subsister jusqu'à la Révolution.
La deuxième abbaye et les débuts de la ville (988-1099)
Au milieu du XIe siècle, les biens fonciers légués ou donnés par Guillaume SANCHE étaient déjà mis en valeur. D'autre part, dès cette époque, les moines bénédictins avaient construit bon nombre de leurs bâtiments abbatiaux. Pendant le XIe siècle, le monastère voit encore accourir nombre de familles désireuses de s'établir auprès de lui, de profiter de sa protection et de participer à sa richesse. La ville n'a pas d'autre origine que cette première agglomération et n'aura pas d'autre nom que celui de l'abbaye elle-même. A la fin du XIe siècle, la zone urbanisée, outre le monastère, s'étendait à l'Ouest de celui-ci (actuellement, approximativement, depuis l'ancienne sous-préfecture jusqu'à l'école maternelle et la porte du TOURON
L'éclosion de la cité (1000-1294)
La situation des habitants vis à vis de l'abbaye appelait un règlement. L'Abbé SUAVIUS l'établit et l'octroya en 1100 en échange de l'autorisation requise par les Saint-Séverins d'enfermer leur ville naissante à l'intérieur des limites précises qui seraient en même temps de solides murailles. De ce statut urbain (un des plus anciens octroyé en Gascogne), il faut retenir outre les clauses concernant les droits respectifs des signataires les contraintes territoriales.
Ainsi, d'après le bénédictin du BUISSON :
-       au nord s'étendait le cimetière
-       à l'est se trouvait un jardin assez petit
-       au sud était un espace jusqu'au petit pont, c'est à dire l'actuel PONTIX ou PONTILS
-       à l'ouest un autre espace appelé plus tard TOUR DOU SOU (TOUR DU SOL –Ces espaces dits "places" étaient destinés à isoler le monastère et à recevoir le cas échéant de futures constructions  abbatiales. A l'ouest de la porte du TOURON jusqu'à la fontaine dans le ravin du même nom s'étendaient des vergers et des jardins. Au sud-ouest, il y avait après la porte des Pontils encore des vergers et des jardins jusqu'au chemin de la GALE (Rue Ernest Leroy).


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Au sud-est de la ville se tenait le marché de la LOUBERE. Ce quartier se composait de maisons sans murs de défense. Le site de ce faubourg est obscur. Le lieu actuellement appelé LALOUBERE se situe à 1 200 mètres au sud de l'abbaye sur le bord de l'abrupt dominant la vallée du GABAS. Cet endroit est actuellement situé dans la zone rurale et sur aucun plan nous ne trouvons de traces d'un petit ensemble urbain.
Il nous semble que le plateau au sud du Bourg-Neuf (actuellement quartier autour du Castallet) justifie mieux l'emplacement de ce marché. Durant les troubles et les guerres, le marché hebdomadaire du jeudi au dimanche se tenait sur le TOUR DOU SOU. Chaque année avait lieu une foire annuelle de onze jours à partir du jeudi après la Pentecôte. On vendait des draps de laine, de velours et même d'étoupe, des fougasses, des haubans, des mestures, des poissons de mer et d'eau douce (brochets, tanches, aubours, anguilles et "colacs", du miel, des piquets, des cercles de barriques, des paniers en osier, etc … Les forains se composaient de marchands de résine, d'apothicaires, de marchands d'eau de vie, de bérets, de verres et de pots d'étain, de potiers, de fabricants de chaudière, de marchands d'acier, de fer et de clous, etc ..
La puissance de l'abbaye augmentait avec l'extension de la cité. En 1141, SAINT PIERRE DU MONT était sous la tutelle du monastère et PIERRE, vicomte de MARSAN doit demander le consentement de l'Abbé ROGER afin de construire la ville de MONT DE MARSAN.
En 1152, se produisit un événement d'une importance régionale qui entraînera très indirectement des modifications de la morphologie urbaine : ALIENOR d'Aquitaine se marie avec HENRI PLANTAGENET qui devient roi d'Angleterre. La Gascogne et St Sever passent alors sous domination anglaise. L'histoire de la ville se trouve alors liée jusqu'en 1442 à l'histoire anglaise. L'insurrection municipale du XIIIème siècle se termine par un acte dit "PARREAGE" du 31 juillet 1270. Parmi ces clauses, il nous faut retenir : la cessation au roi du castrum de Morlanne et la moitié des revenus perçus sur les cultures et les vignes du plateau de Morlanne, l'autorisation donnée au roi de construire un moulin sur l'Adour et surtout le droit de construire une maison en planches à l'est de l'abside de l'abbatiale dans l'antique cimetière  (actuelle place de Verdun) destinée à abriter les clés de la ville. Cette construction donnant sur la rue du PRAT devient ensuite la mairie et le reste jusqu'à la révolution. A l'est de la maison commune, les maisons s'édifient (actuellement près des rues Lamarque et Agnoutine).
En 1287, s'installe dans la ville une communauté de l'ordre des Dominicains : les JACOBINS (photographie 3, planche 1). Ces bâtiments sont construits à 200 mètres à l'est de l'abbaye bénédictine et semblent à cette époque "extra-muros". Mais dans les années qui suivent, le couvent se serre à l'intérieur des murs.



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Les ravages des guerres franco-anglaises
Après cette période de développement urbain, l'ensemble urbain allait avoir sa large part de souffrance dans la lutte intermittente qui mit aux prises anglais et français. En 1295, Charles de VALOIS, frère de Philippe le BEL, assiège le 6 avril la ville qui tombe le 25 juillet. Mais les anglais reviennent quelques mois après et la ville s'est rapidement relevée et continue de croître entre les Jacobins et PONTIX.
La prise de St Sever en 1360 par LESCUN et le tremblement de terre du 2 mars 1372 freinent l'extension de la ville et produisent de gros dégâts aux constructions déjà existantes. La guerre se porte dans le nord de la France et St Sever panse ses blessures.
Au début du XVème siècle, la ville se compose de deux parties inégales :
-        la zone "extra-muros" se compose d'une somme de petits faubourgs parfois fortifiés. Au bas du Pouy, l'hôpital et la Chapelle Saint-Michel, le pont en bois sur l'Adour et le moulin de Cartie constituent les seules constructions de la zone urbaine actuelle. Le castrum de Morlanne se situait au sud-est du plateau sur les deux buttes féodales. Il semble que la rue Tournante  et la rue de Pontix, et le groupe de maisons symétriques par rapport à la rue de Pontix, pouvaient constituer un petit ensemble fortifié protégeant la porte du sud-ouest dite de Pontix située à 30 mètres au nord. Le bourg de l'Aiguillerie existe au sud de la ville et il pouvait être fortifié le cas échéant. La fabrique d'aiguilles se situait près de la porte sud-est.
-        la zone "intra-muros" est délimitée par un mur de 1150 mètres de longueur. Elle a une forme triangulaire. Ces derniers espaces construits à l'intérieur se situant dans la partie sud et sud-est de la vieille ville. La surface urbaine "intra-muros" s'élève alors à environ 5 hectares. L'entrée dans la vieille ville se faisait par 4 portes principales  :
-        la porte des POUSSOLES (TOURON) à l'ouest
-        la porte de PONTIX au sud-ouest
-        la porte vers LA LOBERE au sud-est
-        la porte du PALESTRION au nord
Le franchissement de l'abrupt se faisait par 2 chemins carrossables, celui de la côte de Brille (porte du Palestrion) et celui de la côte du TOURON (porte des Poussoles).
En 1441, la guerre revient en Gascogne et après la chute de TARTAS et de MONT DE MARSAN, le 27 juin 1442, Charles VII en personne assiège SAINT SEVER.  Les cinq lignes de défense (comprendre des points de résistance à l'intérieur et à l'extérieur) sont enlevées et la ville tombe. Mais les Anglais reviennent et durant l'automne, SAINT SEVER supporte un siège d'un mois et tombe définitivement aux mains des Français.

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De la 1ère reconstruction au passage des protestants (1443-1569)
Les revenus de l'abbaye sont très bas, le désastre est grand, nombre de gens ont péri, des îlots entiers ont été détruits par les flammes. Encore une fois, les bénédictins seront les principaux artisans du redressement. Au début du XVIème siècle la reconstruction se poursuit lentement. L'abbé Gabriel de GRAMMONT fonde un collège.De 1568 à 1570, la Chalosse subit les horreurs des guerres de religion. A partir du 11 septembre 1569, le huguenot MONGOMERY met la ville à sac. Outre la destruction presque totale de l'abbaye, il brûle beaucoup de maisons dans la ville et les faubourgs.
La 2ème reconstruction et les grands travaux du XIIIème siècle (1571-1809)
Une dernière fois, les bénédictins reconstruisent leur abbaye, leur église et leur ville mais les dernières réparations s'achèvent en 112 ans après la destruction par l'abside de l'abbatiale.
Deux nouvelles communautés religieuses s'établissent. Les capucins construisent en 1624 leur couvent et leur église dans le faubourg de la Guillerie (actuellement l'hôpital de SAINT SEVER). Les moniales de l'ordre de St URSULE quelques années plus tard, après l'accord des bénédictins et la destruction d'un îlot s'installent à l'intérieur des murs à 50 mètres au nord de l'abbaye des disciples de St Benoît. Ainsi, à la fin du XVIIe siècle, Saint Sever abrite 4 communautés.
Fin juin 1653, Saint Sever est menacé et mis en état de défense en raison des troubles de la Fronde, mais l'assaut n'a pas lieu et la ville peut ensuite penser à améliorer sa morphologie urbaine.
Durant le XVIIIème siècle, comme dans beaucoup de villes françaises, les intendants et les municipalités pratiquent une politique de grands travaux faisant éclater les remparts. Tout d'abord, le château fort de Morlanne est rasé et ses pierres servent à la construction de maisons. Les aménagements les plus importants sont la création de la nouvelle route destinée à franchir l'abrupt et les réparations du pont. Les travaux commencent après les expropriations en 1767 et s'achèvent en 1777. La côte contournant Morlanne a nécessité la création, sur l'ancien fossé, de la place du Cap du Pouy. De là part, le long du fossé, une route (rue Louis SENTEX) hors les murs qui rejoint à la place du Castellet la vieille voie passant par la ville. Depuis la place du Cap du Pouy, la rue qui monte à Morlanne est créée. L'actuelle rue Lafayette est alignée par des destructions d'arceaux. En 1778, un autre vieux monument disparaît. L'hôpital Saint MICHEL que les bénédictins avaient construit au Bas du Pouy au XIIIème siècle est détruit. De même, sous la Révolution, est démolie la mairie située sur l'actuelle Place de Verdun.
 Le tourbillon révolutionnaire fait fuir les bénédictins, les capucins, les jacobins et exile provisoirement les ursulines qui s'installent plus tard à l'actuel dépôt CRABOS, rue du Général DURRIEU jusqu'en 1905. L'abbaye bénédictine est morcelée entre des particuliers, le clergé régulier et la communauté publique. Le couvent des Jacobins devient un collège. Les bâtiments des Ursulines sont transformés en Tribunal d'Instance, en prison et en gendarmerie qui quittent la place du CASTALLET. Enfin, le monastère des Capucins devient le nouvel hôpital. La sous-préfecture s'installe sur la Place du Tour du Sol.
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En 1809 est dressé le premier plan cadastral qui est le premier document sérieux décrivant la zone urbaine (plan n° 7). A cette époque, il nous est aisé de déduire d'après ce plan les zones construites entre la fin du XVème siècle et l'année 1809. Durant le XVIème, XVIIème et XVIIIème siècle,  la ville s'étend en particulier à PONTIX  sur le chemin de la gale (rue E. LEROY) et sur les côtés de l'actuelle rue St VINCENT DE PAUL, au TOURON à l'ouest de la porte du CASTALLET sur l'actuelle rue du CASTALLET, à la CIZE, à la GUILLERIE, au BELLOC (entre le chemin de la TUILERIE et la tour Sud-Est, à MORLANNE après la destruction du château fort, au bas du POUY et le long de la nouvelle côte. C'est durant cette période que PERE commence à se développer à partir de l'entrée Nord du pont actuel.

LA STAGNATION DANS LA CONSTRUCTION (1810-1945)
En 1810, le Général LAMARQUE achète un vaste espace situé au Nord des Jacobins. Il construit son château en plein centre de la cité en détruisant une placette, une portion de l'actuelle rue des Ursulines et entièrement une autre. Il crée le long de la face Nord de sa propriété une rue destinée à pallier la disparition de la vieille voie (actuelle portion de la rue Agnoutine donnant sur la nationale 133).
Le passage des troupes anglaises du Maréchal WELLIGNTON en 1814 ne perturbe pas la morphologie de la ville qui fut évacuée sans combat par les troupes anglaises de SOULT. Seul le pont sur l'Adour fut détruit une nouvelle fois. Si la cité s'était développée, le plan cadastral de 1844 aurait pu permettre par déduction de connaître l'extension de la ville depuis 1809. Durant cette période, outre les reconstructions de maisons vétustes, Saint Sever a gagné une dizaine de maisons et l'usine à gaz située au carrefour de la nouvelle côte et de la côte de Brille. De cette époque date l'endiguement de l'Adour et la zone industrielle. De cette période date aussi la création de la rue reliant la rue St Vincent de Paul et la rue de la Guillerie.
La fin du XIX ème siècle va surtout voir le développement des infras­tructures et des superstructures de la cité car la diminution de la population n'entraîne que peu de constructions. La ville s'étend à Morlanne, le long de la rue du Castallet et sur la route de Hagetmau, de la rue E. Leroy et entre le Bas du Pouy et le pont. Cette période est surtout marquée par l'éclosion de PÉRÉ qui s'étend jusqu'au carrefour des nationales puis sur la route de Tartas.
                L'entre-deux guerres voit le développement de la zone située le long de la nationale 133 entre la nouvelle gendarmerie et le chemin vicinal du cimetière. L'installation du CARMEL date de l'entre-deux guerres.
Les infrastructures s'améliorent ou sont créées. La rue des TILLEULS est percée, en 1870 le pont reçoit un tablier métallique, la place du Tribunal est agrandie en 1894 et l'aménagement de la place de la République débute. Entre 1885 et 1889, le chemin de fer arrive et la gare est construite au Bas du Pouy. Un château d'eau est appuyé à la chapelle des Jacobins.

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Saint Sever crée aussi ses superstructures.
De 1882 à 1887, la nouvelle gendarmerie s'élève au BELLOC, puis les écoles publiques sont construites à la Guillerie et au Touron, les écoles privées à Prouyan. En 1895, à la place de la vieille gendarmerie, on édifie une halle destinée au marché à la volaille. C'est dans cette période que l'abattoir est construit près de l'usine à gaz. L'arrivée de l'électricité impose la construction d'une sous-station sur le chemin de Cachon. En 1933, les arènes sont élevées à Morlanne. L'école et la chapelle d'AUGREILH datent de l'entre-deux guerres (photographie n° 7, planche 2). Le parc de Toulouzette près de la Sous-Préfecture, le jardin public de Morlanne et les pentes commencent à être transformés en espace vert. De même les associations sportives créent deux terrains de sport, l'un rue St Vincent de Paul, l'autre dans la boucle de la voie ferrée au Bas du Pouy.
Enfin, en 1905, le couvent des Ursulines est fermé à cause de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, et est transformé peu après en une manufacture de plumes. Le XIX ème siècle et le début du XX ème siècle, malgré cette énumération, voient un ralentissement très net de la construction. Ainsi, pendant un siècle et demi, Saint Sever gagne environ 50 à 60 maisons mais le nombre de reconstructions est beaucoup plus important.

Le léger redressement d'après guerre (1946-1962)
C'est en 1946 que Saint Sever se trouve au creux de la vague démographique. Mais surtout, à partir des années 1950, une partie de la population prend conscience du péril pour la cité. La période de 1948 à 1962 voit construire 95 logements pour 134 permis de construire, soit en moyenne près de 7 maisons par an. Ce chiffre est bas mais nettement supérieur à l'époque précédente. En 1952-1953 apparaît à Saint Sever une nouvelle forme de construction : le lotissement. Le seul lotissement de cette période est créé sur la route de Pau, près de la vierge de NOTRE DAME DE CHEZ NOUS, il comporte 29 LOTS. Mais il faudra plusieurs années pour l'urbaniser complètement. Malgré cela, le "coup par coup" continue, en particulier dans la rue ARNAUD DE MOLES, à partir du carrefour sur la route de Pau et en divers endroits de la zone urbaine. Mais ces constructions sont peu nombreuses.
Les superstructures sont améliorées par l'aménagement de la nouvelle halle en 1957 à l'emplacement de l'ancienne prison, par la transformation d'un immeuble de la rue de l'Hôtel de Ville en centre postal, par l'installation du C.E.G. en 1959 dans les locaux de l'ancienne Sous-Préfecture et par la création des douches municipales sur les anciens haras.
Ces réalisations s'accompagnent de travaux d'infrastructures : création d'une rue joignant directement la rue Lamarque à la Place de la République et la construction du parking de la Poste. Les travaux d'infrastructures portent aussi sur les routes vicinales et surtout sur l'adduction d'eau avec la construction en 1952 du grand château d'eau de HOUNTAGNÈRES.
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Il faut aussi noter la construction des usines COFNA et S.A.S.O.
Si, durant cette période, les réalisations et les constructions demeurent modestes, un groupe d'hommes de la génération d'entre-deux guerres prépare l'avenir proclamant "Saint Sever bouge".
L'explosion suburbaine (1963-1971)
Les chiffres sont significatifs :
-     de 1948 à 1962 : 134 permis de construire soit 7 par an
-     de 1963 à 1970 : 334 permis de construire soit 41 par an
La construction a donc sextuplé. Les lotissements se développent dans les trois zones urbaines. En 1964 à PÉRÉ, à l'ouest de la route nationale 133 et au sud de la route nationale 124 est tracé le lotissement du TÉRÉ qui comporte 16 lots. En 1967-1968, c'est le tour d'AUGREILH d'avoir son lotissement de 22 maisons avec le BETH-CEOU, situé sur le bord de la départementale 32. Mais pendant ce temps, en 1964-1965, la ville se développe à l'ouest par la cité MONTADOUR avec 125 logements.           Au sud, sur le plateau de LARREBOUILLE, le lotissement CAP DE GASCOGNE avec 12 hectares  et ses 87 lots double presque la surface de la ville. Ce lotissement ainsi que celui de LAPALOQUE ne sont pas encore entièrement achevés. Mais la zone urbaine s'agrandit aussi à PROUYAN par l'extension de l'école privée et quelques maisons individuelles ; sur la route de Pau où le lotissement NOTRE DAME DE CHEZ NOUS est relié à la zone urbaine par la construction en 1970-1971 du centre le "CAP", et à AUGREILH par des installations coup par coup le long de la départementale 32 et près de la halte. De même, la ville développe  ses superstructures par l'agrandissement en 1965-1966 de l'hôpital en 1970, par la construction des HLM et de l'école maternelle en 1969. Les installations sportives sont améliorées et nanties d'une piscine  en 1970 et des tribunes au stade  1971. Durant cette période, un véritable camping est construit au stade municipal et les bords de l'Adour sont aménagés.

Les infrastructures suivent le développement. Le réseau d'égouts est rénové, la distribution de l'eau est améliorée par les nouveaux châteaux d'eau de Hountagnère et du Pipoulan. Les voies sont refaites et des trottoirs sont installés le long de la nationale 133 dans la ville haute. La rue des Tilleuls élargie dote l'ensemble hospitalier d'un parking assez vaste. La traversée de la ville par le trafic lourd est améliorée par la création en 1970, à la limite sud du lotissement Cap de Gascogne d'une voie spéciale reliant la départementale 32 à la nationale 133, et par la réfection en 1971 du pont sur l'Adour. Un petit aérodrome est construit en 1963 au quartier d'Espagne.
Mais durant cette période, la rénovation urbaine préoccupe les édiles municipaux. Le percement de la rue du Sénéchal en plein centre de la ville et la création de 8 maisons en constituent le principal site. Il faut ajouter aussi
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l'élargissement de la rue A. Marrast, la création de la cour de l'Hôtel de Ville et la transformation de la place du Tribunal.
Enfin une zone industrielle de 8 hectares est créée en 1963 à l'ouest de Péré sur le bord de la nationale 124. Il faut signaler aussi la construction des ateliers SOLUMA, SOLEMA et DUBERNET.
Pendant cette période de sub-urbanisation, la ville a doublé en 8 ans la surface urbaine déjà existante depuis 10 siècles.
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CHAPITRE III

LA MORPHOLOGIE, LES STRUCTURES URBAINES

ET LES PROBLÈMES D'UN URBANISME


Description du paysage urbain et de ses environs
De la tour du clocher le regard embrasse les quatre points cardinaux :
- Au nord, la vieille ville avec son enchevêtrement de vieux toits et de maisons à pans de bois semble  prendre d'assaut la butte de Morlanne que protègent et couronnent les futaies du parc. L'abrupt, marche initiale de l'escalier qui conduit aux Pyrénées avec sa ligne de frondaison, arrête la ville. Il plonge tel un flanc de navire dans la mer de pins ondoyante avec sa gamme de nuances allant du vert bleuté au noir d'encre.
- A l'ouest, le Touron tel une excroissance au milieu de la verdure termine le vieux centre. Plus loin, derrière le ravin, la blanche cité Montadour détonne dans son écrin boisé et verdoyant. Le plateau de Pipoulan-Maydediou avec sa balustrade formée d'arbres fend tel la proue d'un navire les flots foncés des forêts du Marsan et de la vallée du Gabas.
- Au sud, la longue façade de l'Hôtel de Ville semble arrêter les vieux toits et les murs grisâtres. Au-delà, s'étendent les lotissements Cap de Gascogne et Notre Dame de chez Nous qui forment une bande claire coupée par la Guillerie. Puis, le plateau, mosaïque de cultures, s'interrompt tel un balcon sur la vallée du Gabas. A l'horizon, la Chalosse tourmentée et riante annonce par ses collines les Pyrénées. Tableau grandiose quand l'atmosphère s'y prête et divers lui aussi selon les heures du jour : le soleil levant allume sur l'écrin blanc des pentes neigeuses une multitude de points de diamant ; le couchant, éclairant les sommets à revers, les teinte en rose vif tandis que les premiers plans entrent dans l'ombre et se foncent avec la nuit.
- A l'est, les Jacobins et le château Lamarque dissimulent le plateau qui s'élève peu à peu jusqu'au Pouy de Montsoué dominé par son relais de télévision émergeant au milieu des chênes.
 Tel est le tour d'horizon empreint d'une singulière grandeur que nous pouvons faire du haut du clocher de l'abbatiale de Saint Sever Cap de Gascogne.



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La morphologie et les structures urbaines :
- La vieille ville (plan n° 8)
Nous entendons par vieille ville, la zone intra-muros, c'est à dire le noyau urbain. Elle est délimitée par la nationale 133 au nord-est et à l'est, par la rue de l'Hospice et les maisons de la rue Durrieu au sud, par les maisons en façade sur les places du Tour du Sol et Léon Dufour et la rue Lafayette à l'ouest et au nord-ouest, par la place du Cap du Pouy au nord.
Les rues de la vielle ville méritent d'être étudiées.
La voie formée par la rue des Arceaux et la rue Lamarque (photo n° 5, planche II) constitue l'épine dorsale de la zone intra-muros. La rue Lafayette, la rue Durrieu et la rue de Pontix jusqu'à la place de l'ancienne porte constituent des voies parallèles aux fortifications. Il existe encore par endroit des impasses servant à la desserte des murs. La rue L. Sentex, la place de la République et la rue de l'Hospice sont des voies construites dans les anciens fossés. Les autres rues partagent les divers îlots.
Seules la "dorsale", la rue Lafayette, la rue Armand Marrast possèdent une largeur supérieure à 8 mètres. Les autres rues ne permettent pas à trois véhicules de se croiser et parfois, il n'y a de place que pour un. Ainsi, sur quatre voies qui mènent à la place du Tribunal, marché de la volaille, trois ont moins de 5 mètres de large. Plusieurs rues commencent par un goulet d'étranglement : la rue de Pontix au niveau de la place Léon Dufour, la rue du Touron seule artère de ce quartier a une largeur de 2 mètres empêchant le passage des camions, la rue St Jean dans sa partie nord et les deux rétrécissements de la rue du Sénéchal. Toutes ces anomalies posent des problèmes de circulation. La rue de Pontix et la voie Guillerie-Lamarque, pénétrantes sud-ouest et sud-est, ne suffisent plus pour assurer le trafic venant de la zone urbaine sud et de la Chalosse. Pour cela, il est nécessaire de détourner les habitants du lotissement Cap de Gascogne de ces 2 axes en créant une voie avec des constructions reliant la rue d'Espagne avec le CEG à la rue du Sénéchal (photo n° 9, planche IV).
L'enclavement du Touron pose un problème délicat, surtout compte tenu du faible nombre de maisons dans ce quartier. Le stationnement dans le noyau n'est actuellement pas le plus grand problème urbain. Il existe 6 parkings dans le centre de la ville avec 230 places dont 20 Place du Cap du Pouy, 35 Place du Tribunal et la halle, 45 Place du Tour du Sol, 10 Place Léon Dufour, 45 autour de l'Hôtel des Postes et surtout, 120 aux alentours des Jacobins. A cela, il faut ajouter le stationnement le long des rues. Seuls, les jours de marché, posent un problème en raison de la fermeture des parkings du Tour du Sol, du Tribunal et des halles, qui entraînent le reflux des voitures saint séverines vers la Poste, la place Léon Dufour et le Cap du Pouy. Ainsi, le samedi, la pénurie des places de stationnement s'accentue et les voitures sont refoulées aux Jacobins et à Morlanne.
L'aménagement en parking ou en emplacement pour les forains de l'îlot du Tribunal permettrait un allègement du centre de la vieille ville, le samedi en particulier. Les jours sans marché, s'il existe certains endroits de la zone commerciale encombrés, cela provient surtout du refus des automobilistes d'occuper les parkings
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périphériques comme ceux de la Poste, du Tribunal et les abords de l'ensemble des Jacobins.
Les problèmes de la circulation, du stationnement, s'ils nécessitent parfois des opérations de rénovation urbaine, nous semblent secondaires vu la taille de la cité face au dépérissement de certains immeubles à architecture intéressante. Le classement de la vieille ville "Site urbain protégé" impose de nécessaires contraintes sur les façades, les toitures et les reconstructions, freinant parfois les réparations par des questions de financement ou plus simplement administratives.
                     

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Les constructions de la vieille ville (voir plan 8, croquis 9)
Le centre du noyau urbain est caractérisé par des îlots avec une grande densité de construction. Ce fait est surtout notable autour de l'ancienne abbaye bénédictine. Les maisons ont généralement une courte façade avec un magasin étroit et profond. Elles s'allongent en profondeur donnant sur des petites cours. C'est le domaine des cages d'escaliers avec des verrières servant à éclairer les pièces intérieures. Certains immeubles possèdent des dépendances sur l'arrière qui donnent sur une ruelle ou une impasse. C'est le cas par exemple de l'îlot formé  par la place de Verdun, les rues du Tribunal, des Ursulines et Agnoutine. Les jardins potagers ou les espaces verts ne sont pas absents mais s'ils existent dans les îlots excentrés, c'est entre les maisons et les anciens remparts.
Parfois, il arrive qu'un îlot central enserre quelques petits jardinets. Le centre est le domaine des maisons à 2 étages puisque la zone intra-muros a un seul immeuble à 3 étages et 122 à 2 étages sur 156.
Au nord et à l'ouest de l'abbatiale, nous comptons 14 maisons à arceaux. Comme tous les centres urbains, les immeubles sont exposés à notre époque à un certain dépérissement et à la vétusté. Il n'existe pas dans ce petit noyau urbain de zone où se regroupent les catégories socioprofessionnelles. Mais certaines rues et places sont constituées par des immeubles loués à des ouvriers, des petits employés ou des retraités qui deviennent vite dégradés par manque d'entretien. C'est le cas de plusieurs habitations de la place du Tour du Sol, de la rue du Tribunal et de la rue Durrieu. Les commerçants et les professions libérales entretiennent plus régulièrement leurs logements.
Les vieux quartiers extra-muros : MORLANNE-CIZE, GUILLERIE, BELLOC-CASTALLET, PONTIX, BAS DU POUY et PERE (planche III, croquis n°9)
Ces quartiers comportent de nombreux points communs. Tout d'abord l'histoire les rassemble, ils constituaient la zone extra-muros de la vieille agglomération.
Ils sont généralement plus récents que les îlots du centre. Leur développement a été lié aux routes départementales et nationales traversant la ville.
C'est le cas des quartiers de Pontix, Guillerie-Belloc-Castallet, Bas du Pouy et Péré. La largeur des rues, l'absence d'activité commerciale et la faible densité de l'habitat suppriment les problèmes de circulation. Il faut quand même signaler deux carrefours dangereux : Place du Castallet et le carrefour des rues de Pontix- E. Leroy et avenue des Pyrénées.



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La forme des constructions elle aussi marque ces vieux quartiers extra-muros. Ici, c'est le domaine des maisons en façade sur la rue avec en arrière le jardin. Suivant les endroits, l'immeuble peut avoir une étroite ou une longue façade.
Ce plan de quartier, s'il ne permet pas une grande densité de constructions, a le grand avantage de donner aux rues une allure urbaine. L'habitat trouve dans le jardin, le coin de terre qui lui rappelle la vie rurale avec le gazon, le potager et le petit élevage avicole. Si la surface de la propriété est petite, le jardin devient une cour comme c'est le cas dans la rue de Belloc (photo n° 6, planche II).
Les structures particulières de la population des 2 zones de la vieille agglomération :
La vieille agglomération possède une population plus âgée que celle du reste de la commune, les familles jeunes habitant dans la zone suburbaine. Le taux de natalité est plus faible (maternité exclue), inversement le taux de mortalité est plus fort.
Dans la vieille agglomération, les ménages à 1 personne forment 27 % de l'ensemble et 22,5 % des ménages ont 2 enfants. Les ménages nombreux sont peu importants : 4 % avec 6 personnes et 4 % plus de 6. Ces données précédentes expliquent la faible densité des personnes par logement dans la vieille ville qui est de 3 et 4,4 dans les deux autres zones. La vieille agglomération, en raison de ses immeubles à deux étages, voit le rapport logement sur immeuble égal à 1,20 tandis que la campagne et la zone suburbaine le rapport est de 1.
La ville possède près de 1 logement vacant sur 8. Malgré cela, la demande est supérieure à l'offre (cité Montadour exclue) à cause de l'état défectueux et du prix élevé des loyers des logements vacants.
L'ancienne zone urbaine connaît une répartition par catégorie d'activité économique caractéristique. Les agriculteurs en sont naturellement absents, les militaires sont très peu nombreux, par contre cette zone possède tous les membres du clergé, les commerçants et presque tous les gens du service santé.
Les autres secteurs d'activité sont partagés entre la ville, la zone suburbaine et la zone éparse. Mais il faut noter l'importance des ouvriers dans la vieille agglomération et le reflux dans la périphérie suburbaine des employés de bureau et des membres de l'enseignement.

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L'urbanisation récente : La cité Montadour : (photo 10, planche V)
Construite en 1965-1966 par la S.O.G.I.N.A., filière de la Caisse des Dépôts et Consignations, les 125 logements étaient initialement destinés aux militaires de la Base Aérienne 118 de Mont de Marsan. L'emplacement de la cité, sur une portion du plateau de Pipoulan-Maydediou, permettait un plan original. L'architecte créa 3 quartiers autour de 3 placettes. La forme de cet ensemble est remarquable sur la photographie aérienne. Les maisons se touchent et donnent sur des espaces verts situés en arrière.
A cela, il faut ajouter un bloc à deux étages construit à l'entrée de la cité. Le chauffage des habitations est fourni par une seule chaufferie située près du bloc.
La nature et la fonction des habitants donnent à cet ensemble une structure très particulière. En 1968, pour 93 familles, il y avait 92 couples avec 383 habitants. Les adultes ont entre 20 et 40 ans et les enfants de 0 à 19 ans. Cette structure d'âge particulière se conserve en raison des mutations rapprochées des militaires.
De nos jours, la cité Montadour est ouverte aux civils car les militaires boudent les prix élevés des loyers et cherchent à se loger en ville ou à Mont de Marsan. Les nouveaux locataires civils sont, soit des fonctionnaires (enseignement, bureaux, etc ..), soit de jeunes couples issus de familles bourgeoises. Ces faits expliquent l'existence de quelques logements aux volets clos.
Les lotissements (croquis n° 9)
Ils ont été construits pour loger un excédent de population et surtout pour des Saint Séverins qui fuient les vieilles maisons difficiles à entretenir. Au lotissement Cap de Gascogne, 32 % viennent de Saint Sever et 25 % de la France sans l'Aquitaine.
Les lieux d'implantation de ces lotissements ne proviennent pas d'un plan pré-établi. Le Cap de Gascogne, le Téré et Lapaloque furent tracés contre la zone urbanisée déjà existante mais le Beth-Céou et Notre Dame de Chez Nous s'installèrent en pleine zone rurale ce qui n'est pas sans poser des problèmes d'équipements. Cet ensemble suburbain (cité Montadour exclue) comportera 166 maisons et 24 logements HLM répartis comme suit : 29 à Notre Dame, 22 au Beth-Céou, 18 au Téré, 87 au Cap de Gascogne, 10 à Lapaloque.
La morphologie est la morphologie classique du lotissement : lot rectangulaire de 700 à 800 m² avec la maison occupant la partie sur la rue. Le devant de la maison sert de jardin d'agrément et l'arrière de jardin potager qui donne soit sur les champs, soit généralement sur un autre lot identique. Ce mode d'urbanisation occupe une grande surface au Cap de Gascogne (photo 11, planche IV) : 11 logements pour 12 hectares.
La structure de la population des lotissements Saint Séverins mérite une étude. L'acheteur a entre 30 et 50 ans. Il s'agit de couples d'âge moyen ou de jeunes retraités. Le ménage à 1 personne n'est pas représenté.

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Au lotissement Cap de Gascogne, 21,8 % des habitants appartiennent au secteur secondaire et il y a 17,4 % de militaires, 21,8 % d'employés de bureau et  
10 % de retraités.
Les grands problèmes d'urbanisme et les orientations de zonage urbain :
Le problème est double et il s'agit tout d'abord de revitaliser le centre tout en conservant son caractère architectural et historique, et ensuite de contrôler dans l'espace l'extension suburbaine.
-       La vieille ville doit accroître sa fonction de centre commercial par la modernisation et l'extension de certains petits magasins à revenus élevés.
-       Les problèmes de circulation et de stationnement peuvent être rapidement réglés par des mesures draconiennes  … Le fait le plus important est actuellement la conservation du patrimoine architectural privé.
- La zone suburbaine pose des problèmes isolés qui comportent des solutions indépendantes les unes des autres.
- Le zonage urbain :
L'extension future de la commune doit être envisagée et les solutions doivent tenir compte de nombreuses données.
Le quartier du Touron, vu son enclavement et sa surface, doit-il être aménagé de façon particulière ? (jardin public, espaces verts, centre aéré, zone de jardins potagers, abandon, etc ...).
Le quartier de Projan peut faire l'objet après l'aménagement des voies d'accès d'un petit lotissement ou du moins d'un lieu de développement des habitations par le système du coup par coup.
Les plateaux de Pipoulan-Maydédiou, Portets-Bernède, Métaou de Haut-Nauton peuvent faire l'objet de lotissements de grande envergure.
Le rattachement d'AUGREILH à la ville le long de la départementale 32 n'est pas souhaitable et le domaine de FLEURUS sert de bouclier de protection.
La zone entre l'Adour et l'abrupt ne peut se développer à l'ouest à cause de l'emprise ferroviaire et à l'est de l'emprise sportive et des marécages de Cachon.
Les abords immédiats de Péré ne peuvent être construits en raison des marais inondables de la Coulaquère, de la zone industrielle et de la limite de la commune au nord. Les seuls endroits sur la commune véritablement favorables sont situés près de Sainte Eulalie. Une urbanisation de ce genre conduirait à accentuer l'étirement déjà très sensible de la zone urbaine. Péré ne doit pas voir de grands lotissements mais connaître l'installation d'ateliers et de petites usines dans la zone industrielle et autour de celle-ci.


LA SUITE SUR LES 2 ARTICLES SUIVANTS











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